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(…) Dans la prison de Mourzouk, transformée en camp de rétention, ils sont plusieurs centaines, parqués dans l’odeur pestilentielle des anciennes cellules ou plaqués par le soleil dans la cour. Tchadiens, Maliens, Nigériens, Togolais, Béninois, Nigérians… Partis d’Afrique noire, ils tentaient de rejoindre Tripoli, avec l’espoir d’y trouver du travail, et se sont retrouvés coincés entre quatre murs, le ventre vide et la gorge sèche, dans cette bourgade ensablée du Sahara, à l’extrémité sud de la Libye.
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«Chaque jour, il en arrive de nouveaux», affirme Boubakar Soti. L’adjoint du commandant militaire de Mourzouk avoue son impuissance: «On les garde un mois, un mois et demi, et puis on les relâche, quand on ne peut plus les nourrir et quand il y a trop de monde.» Boubakar Soti affirme qu’il a envoyé ses thowars (les combattants anti-Kadhafi transformés en policiers et militaires) réquisitionner de la nourriture dans un magasin en ville. «L’État ne nous donne aucune aide, personne ne commande à Tripoli.

Un conseiller du premier ministre m’a même dit de laisser passer les migrants. Voilà, nous avons libéré la Libye et, se lamente-t-il, c’est pire qu’avant.»

Ce quadragénaire portant l’uniforme en vient rapidement à parler des «Toubous, qui ne veulent pas laisser leur région s’enfoncer dans le désordre», et de «la guerre avec les Arabes, qui veulent nous effacer du pays». Installés le long de la frontière sud de la Libye, les Toubous, qui sont d’origine africaine et vivent en partie au Tchad, cohabitent difficilement avec les tribus arabes.
Sous la dictature de Kadhafi, les conflits de voisinage se réglaient à coups de bâton ou de sabre.

Maintenant que chaque tribu possède des armes lourdes, c’est plus violent. Depuis la libération du pays, les morts sur la frontière sud, à Sebah et surtout à Koufra, se sont comptés par dizaines, peut-être par centaines. (…)

Leral

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