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Cible de caïds et du tueur présumé des gendarmes de Collobrières, un couple de policiers avait quitté le Var en 2007. Ils contestaient leur réintégration ce mercredi devant le tribunal.
Un couple de policiers, qui fut en poste au commissariat de La Seyne, a contesté sa réintégration dans le Var, mercredi matin, devant le tribunal administratif de Toulon. Dans sa requête en référé,

leur avocate a plaidé “les circonstances excessivement graves et exceptionnelles” qui justifient, selon elle, le refus des policiers de retourner travailler à La Seyne.

Les policiers avaient quitté le Var en 2007, pour une mutation à l’autre bout de la France. Leur retour est censé prendre effet au 1er août prochain.

“Mes clients ont été mutés, car il y avait dans la cité Berthe à La Seyne, une situation de chasse à l’homme à l’égard du couple”,

a plaidé Me Sandie Castagnon à l’audience.

“Leur adresse personnelle, leur numéro de plaque d’immatriculation ont été écrits sur les murs de la cité”, des tags assortis de menaces graves, répétées et directes, sur eux et leurs deux enfants.

Cible des caïds et du tueur de Collobrières
Pris pour cible par “des caïds fichés au grand banditisme marseillais”, les deux policiers avaient quitté La Seyne en 2007, à la faveur d’une mutation “qu’ils n’avaient pas demandé, mais qu’ils avaient accepté”.
En 2004, la policière avait croisé la route d’Abdallah Boumezaar, le tueur présumé des deux femmes gendarmes à Collobrières, le 17 juin dernier.

Lors d’une tentative d’interpellation, dans le hall d’un immeuble de la cité Berthe, “Abdallah Boumezaar avait tenté de prendre l’arme à feu de ma cliente”

, a rappelé l’avocate. “Grâce à son expérience professionnelle, elle avait réussi à l’en empêcher”, mais dans la bagarre, “deux autres individus avait réussi à prendre son Tonfa (bâton de combat, Ndlr) avec lequel un policier avait été frappé”.

Le parallèle entre les deux affaires a été fait à l’audience, “ma cliente s’est vue dans la situation des deux gendarmes”, a relaté l’avocate, “c’est la situation qu’elle a vécu, exactement la même.”

Me Castagnon a également amené la preuve de menaces, de nouveau réitérées, à l’encontre de la policière, bien que celle-ci a quitté la cité il y a cinq ans. *
“Trois policiers en poste à La Seyne ont eu le courage de faire des attestations”. En mars 2012, rapporte l’un d’eux, un individu lui a dit: “La blonde, ça fait longtemps qu’on la voit plus dans la cité. Si elle revient, on va lui faire la misère”.
L’avocate en conclut que “malgré l’éloignement, les voyous parlent encore d’eux et connaissent l’efficacité de ces policiers qui sont une menace pour leurs trafics.”
“L’administration est-elle capable de protéger ses agents? Et de prendre en compte ces éléments, pour éviter qu’un nouveau drame se produise dans le Var ?”, a interrogé Me Sandie Castagnon en conclusion. Le ministère de l’intérieur, qui a rendu ses conclusions la veille du jour de l’audience, n’était pas représenté.
Le jugement a été mis en délibéré et sera connu dans les prochains jours.
L’Unsa police: “Ce serait une jurisprudence”

Le syndicat Unsa police suit le dossier de ce couple de policiers depuis sa mutation, en 2007. “Il n’y a pas de précédent et l’administration ne veut pas que cela fasse jurisprudence”

, commente Stéphane Alarcon, secrétaire départemental adjoint. Il estime que les deux policiers “faisaient un travail exceptionnel” et qu’ils sont “encore connus dans la cité”. Pour lui, la question posée est celle de la prise en compte de l’humain, face à la rigidité des règles administratives.
Var Matin

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