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Sire Mohammed VI, dans la plupart de vos discours, vous ne dérogez pas à une tradition autrefois consacrée par votre père : l’éloge de l’unité africaine dont il fut un partisan convaincu. Et ceci malgré le retrait du Maroc de l’Union Africaine suite à la reconnaissance du Sahara occidental.
Eh bien Sire, permettez-moi de vous dire que votre propre société est en décalage complet avec cette grande tradition qui a permis pendant longtemps aux Africains du Maghreb et du sud du Sahara de s’appeler “frères” malgré le passé esclavagiste douloureux. En effet, qu’il est loin ce temps où nous combattions ensemble l’envahisseur colonial, aussi bien dans l’Aïr que dans le Hoggar, ou sous les tropiques où votre père soutenait Patrice Lumumba au Congo, l’Union des Populations du Cameroun, etc. Votre société et votre population accueillaient chaleureusement alors les exilés politiques et leurs enfants qui fuyaient la cruauté du colon. Je n’irai même pas jusqu’à parler de la coexistence pacifique entre Arabes et Noirs lorsque le sultanat du Maroc était le vassal de l’empire du Ghana dirigé par des Noirs !
Aujourd’hui, cette parenthèse enchantée où l’union des progressistes Arabes et des Noirs s’est faite dans un mélange harmonieux, est bel et bien terminée. Votre société ressort des mots et des attitudes qui renvoient le Noir à sa condition d’esclave que les razzias arabes pourchassaient. Les mots “Hartani” -homme libre de second rang – ou “aâzi” – sale nègre – ont repris de la vigueur.
Les Noirs qu’ils soient marocains ou pas, subissent cette stigmatisation inhumaine.
Ceux qui en prennent plus pour leur grade, ce sont les migrants et les étudiants subsahariens à qui on jette des pierres. Ces derniers sont complètement isolés à la Cité Internationale Universitaire de Rabat. Selon la Confédération des Etudiants et Stagiaires Africains au Maroc (CESAM), ils ne partagent pas les mêmes locaux que les étudiants “blancs” marocains. Les insultes sont régulières, les crachats insupportables quotidiens. Les attaques physiques se multiplient entraînant parfois des morts.
 
Sire, comment s’étonner de ces comportements sauvages lorsque votre si beau pays n’a pas aboli officiellement l’esclavage ? Comment s’étonner lorsque de génération en génération, se transmet ce sentiment de supériorité issu de l’esclavage ? (…)

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