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Ils viennent du Congo, du Maroc, de Côte d’Ivoire, d’Afghanistan ou d’Albanie. Ils s’appellent Pedro, Reagan, Patrick, Souleymane ou encore Toumani. Treize garçons et deux filles pour sept éducateurs. Ils ont chacun leurs activités quotidiennes. L’un est à l’école, où il est scolarisé, l’autre est en stage de plomberie dans un hôpital, un troisième est au Foyer de l’enfance de Lille, en train de perfectionner ce qu’il sait faire : travailler le bois. « Oui je suis capable de vous fabriquer cette table », plastronne Souleymane, « 16 ans et six mois ». Parti de Tanger, il raconte son périple à travers l’Espagne. Séville, Cordoue, Barcelone. Puis l’Italie : Turin, Gênes. Et enfin la France et Lille. C’est ce qu’on appelle un « mineur errant », qui va de ville en ville en survivant comme il peut, délinquance comprise. « On est obligé de nous baser sur ce qu’ils disent, même si parfois, ce n’est pas la vérité », précise une éducatrice.
C’est une grande maison avec une façade en briques, à Ronchin. Pas une maison comme une autre : c’est un foyer de l’Aide sociale à l’enfance, baptisé Samie, où vivent 15 « mineurs isolés étrangers ». Un « sas » avant d’être placés autre part, dans un foyer stable ou une famille. En principe, le séjour ici dure trois mois au maximum, mais dans les faits, cela peut durer beaucoup plus, six mois, un an… Ces adolescents souvent âgés de 15 à 17 ans ont été attrapés par la police aux frontières (PAF), mais ne peuvent être expulsés, puisqu’ils sont arrivés seuls dans la région, alors que leur famille est toujours au pays.
Enfin seuls, pas vraiment, puisque la plupart ont bénéficié de l’aide de passeurs qui leur indiquent le chemin moyennant finances.

« Une fois, il y en a même un qui est arrivé ici en taxi. Cette maison a ouvert en 2006 et commence à être connue des filières », raconte la directrice du foyer, Fatima Landy.

En tant que mineurs, ces ados sont considérés comme « à protéger » avant tout. Car même s’ils sont débrouillards au possible et qu’ils s’adaptent très vite, ils seraient en danger en restant à la rue. « Certains ont des dettes envers leur passeur, qui peut les retrouver » , soupire une éducatrice. « Ils peuvent vraiment s’intégrer, et d’ailleurs, beaucoup ont la rage, ils réussissent souvent mieux à l’école que leurs copains français, ils veulent réussir à tout prix, ils sont arc-boutés sur leur objectif : le titre de séjour », raconte Fatima Landy.
Nord Eclair
merci à -SACRIPANT-

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