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Extraits de « L’axe UMPFN : Vers le parti patriote ? » publié par Terra Nova, le “think-tank” du PS, selon lequel Jeanne d’Arc, Brigitte Bardot, Vercingétorix et le vin rouge n’ont jamais existé…

Paysages de campagne, Jeanne d’Arc et Brigitte Bardot, statue de Vercingétorix, bouteille de vin rouge et vache, le site propose une mythologie de la France qui n’a jamais existé.

C’est le GRECE et le Club de l’Horloge qui, dès les années 1970, théorisent les éléments idéologiques d’une « nouvelle droite » décomplexée, visant à lutter contre ce qu’ils estimaient être la domination culturelle de la gauche.
Ce travail idéologique est ensuite relayé dans l’espace public. D’abord par des auteurs à plus large audience – ceux que Daniel Lindenberg a dénoncés comme « les nouveaux réactionnaires ». On y trouve notamment des personnalités comme Xavier Raufer, Jean Raspail, Maurice G. Dantec ou encore, dans des registres différents, Michel Houellebecq et Alain Finkielkraut.
Ensuite, par un travail militant sur internet. Les sites comme Polémia (fondé par Jean-Yves Le Gallou) mais surtout François de Souche (80 000 visiteurs uniques par jour) servent de lieux de formation idéologique pour militants virtuels. Ces milliers d’activistes de la « fachosphère » essaiment ensuite sur le net, chassant en meute pour faire masse et faire croire qu’ils sont la majorité silencieuse du pays réel censurée par les élites et la désinformation des médias traditionnels. Ils sont sur les forums de jeux vidéos à la pêche aux jeunes, pourchassent sur doctissimo.fr les femmes au foyer et, surtout, investissent les commentaires des grands médias traditionnels, Figaro.fr en tête.
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François de Souche, ou la repossession manipulée
La seconde approche se trouve dans la véritable innovation apportée par le web d’extrême droite au travers du site « françois de souche », devenu la plateforme incontournable de la « fachosphère » avec 80 000 visiteurs uniques par jour, bien loin du temps où il se voulait l’espace personnel censé raconter les « pérégrinations d’un Français de souche dans le Paris occupé ». En arrière plan, déjà, c’est tout un programme idéologique. Paysages de campagne, Jeanne d’Arc et Brigitte Bardot, statue de Vercingétorix, bouteille de vin rouge et vache, le site propose une mythologie de la France qui n’a jamais existé.
Mais il innove car c’est un agrégateur strict de contenus qui ne commente ni ne hiérarchise l’information même s’il modifie souvent les titres des articles : tout se vaut, dans une même équivalence qui rapproche un pickpocket de couleur d’un attentat meurtrier ou d’un reportage sur l’immigration. Fdesouche ne publie que sur ses thèmes préférés : immigration, délinquance, identité, dans un sens qui entend privilégier l’accès direct de l’internaute à l’information, vidéo en tête car réputée infalsifiable.
Tout en affirmant vouloir présenter des « faits bruts », Fdesouche livre une grille de lecture par l’anglage ethno-différentialiste de ses reprises, et laisse les commentaires apporter l’explication éditoriale. C’est là où se trouve l’autre clé du succès. Protégé par une irresponsabilité juridique affichée, Fdesouche offre l’occasion à ses visiteurs de construire sur cette place de village virtuelle leur propre corpus idéologique, dans une fréquentation de leurs semblables, délivrés par l’anonymat de tout sentiment de culpabilité ; bref, il offre à des militants qui se sentent tellement seuls qu’ils hésitent parfois sur leurs convictions et leurs engagements la possibilité de faire partie d’une communauté et les renforce dans leur sentiment d’être majoritaires. La nuit surtout, les internautes, dûment « ré-informés », se lâchent, se construisent ensemble dans une école de militants virtuelle, débarrassée de tout contrôle social, prêts à chasser en meute l’électeur de droite à convertir sur leur autre espace d’action prioritaire, les forums.
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A partir d’un fait anecdotique, à savoir que nombre de drapeaux étrangers ont flotté le soir du 7 mai à la Bastille, les activistes se déchaînent pour démontrer que la victoire de François Hollande est en fait celle du parti de l’étranger et préfigure la dépossession des Français de leur nation. Tout le monde y va de son petit article, tant les blogs que les sites d’information. Fdesouche se déchaîne, Causeur constate la présence de « beaucoup de drapeaux à la Bastille, mais pas tous tricolores », s’interroge – acide – pour savoir s’il ne s’agirait pas d’un « Acte 1 » de la France multiculturelle et y décèle – si besoin était – que la gauche et le réel s’opposent. Malika Sorel explique que « les drapeaux étrangers que l’on a vu fleurir et se disséminer dans de nombreuses villes de France donnent le ton, ou la couleur, à tous les sourds et les aveugles »109. Jean-Marc Morandini, par la chair faisandée alléché, fait voter les internautes : « avez-vous été choqué par la présence, hier soir, de drapeaux étrangers à la Bastille ? ». Oui, massivement, bien évidemment, effet de masse des ré-informés oblige !
(p. 72-73)
(merci à Dr Bazooka)

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