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Il est particulièrement révélateur d’un état d’esprit, que dans un texte d’orientation de cinq pages qui traite des toutes les formes de racisme, au premier rang desquelles ses expressions majoritaires qui frappent principalement les populations issues de l’immigration ou les roms, les signataires du texte paru sur Rue89, en extraient un seul passage faisant référence au racisme anti-blanc.
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En l’absence de toute rigueur intellectuelle, ces signataires concluent que dans son texte le MRAP considère que « […] la “ victime ” ne serait plus l’immigré ou le descendant d’immigrés mais le Blanc […] ».

Le MRAP renvoie donc à la lecture du texte concerné, l’honnêteté intellectuelle des signataires du texte paru sur Rue89 sera appréciée à sa juste mesure.

Si le MRAP ne fait qu’évoquer le racisme anti-blanc comme l’une des composantes du racisme, les signataires du texte font, par contre, de la « non-existence du racisme contre des blancs » un élément déterminant de leur pensée.

Ce qui implique, selon leur logique, que seul le blanc peut être raciste et seuls les non-blancs peuvent être victimes de racisme.

C’est là une réécriture raciale du racisme et cela entre en contradiction avec les fondamentaux du MRAP qui lutte contre tous les racismes.
Rue 89
C’est avec beaucoup d’inquiétude que nous avons découvert certains passages du texte d’orientation adopté pour trois ans par le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) à son dernier congrès, le 30 mars et le 1er avril 2012 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Pour éviter toute confusion, nous préférons ici les mentionner intégralement :

« Promouvoir des identités artificielles et “ uniques ”, qu’elles soient nationales, religieuses, ethniques ou raciales, conduit inéluctablement au racisme. Ces enfermements identitaires émanent des groupes dominants, mais se reproduisent dans les groupes dominés : le racisme anti-blanc en représente un avatar.
Le MRAP le condamne à ce titre d’autant plus qu’il apporte une inacceptable et dangereuse non-réponse aux méfaits et aux séquelles de la colonisation. »

Et :

« Le MRAP, s’il sait traiter du communautarisme identitaire des puissants, n’a pas encore su appréhender les replis identitaires religieux ou raciaux que des apprentis sorciers entendent exacerber au sein des populations qui vivent la relégation sociale.
Les idéologies de droite, comme certaines idéologies communautaristes, substituent aux luttes sociales une guerre entre ethnies, entre français et étrangers, entre descendants (blancs ou non) d’ex-colonisateurs et anciens colonisés : c’est une invitation à se tromper de colère. »

Il y aurait beaucoup à dire sur l’analyse qui est proposée dans les deux paragraphes cités. Nous nous contenterons de relever la condamnation par le MRAP de ce qui est nommé ici « racisme anti-blanc » dont l’usage, à nos yeux, concentre l’ensemble des arguments mobilisés.
L’emploi de manière a-critique d’une telle notion, comme si elle allait de soi, soulève en effet nombre de problèmes.  (…)
Comment ne pas s’interroger sur la portée politique réelle d’une notion dont l’extrême-droite identitaire s’est rapidement emparée avec avidité, comme en témoignent nombre de campagnes qu’elle mène sur ce thème. Faut-il donc rappeler, avec Albert Memmi ce que celui-ci expliquait il y a déjà un demi-siècle : aucun lien ne peut être établi entre le racisme du dominant, reflétant et s’appuyant sur la puissance des dispositifs de domination, et ce qu’il désignait par « racisme édenté »,

c’est-à-dire cette forme de « racisme » du dominé, sans force, sans pouvoir, incapable de n’être autre chose que des mots, et dont on pourrait se demander en conséquence s’il mérite même d’être considéré comme un racisme ? (…)

Les signataires : Michel Agier (Directeur d’études EHESS/IRD) ; Paola Bacchetta (Professeur, University of California, Berkeley) ; Jean Batou (Professeur d’histoire, Université de Lausanne) ; Omar Benderra (membre du CISA-Comité International de Soutien aux Syndicats Autonomes Algériens) ; Said Bouamama (Sociologue, militant de l’immigration) ; Houria Bouteldja (Membre du Parti des indigènes de la République) ; Casey (Rappeuse) ; Grégoire Chamayou (Philosophe, CNRS) ; Jim Cohen (Universitaire) ; Raphaël Confiant (Ecrivain, Martinique) ; François Cusset (Professeur, Université de Nanterre) ; Christine Delphy (Sociologue, directrice de recherche, CNRS) ; Rokhaya Diallo (Militante antiraciste) (…)
Rue 89

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