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Les Egyptiens retournent aux urnes pour choisir leur Président. En l’absence d’une nouvelle constitution et d’un parlement, le chef de l’Etat aurait un pouvoir quasi illimité.

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(…) Les Egyptiens ne sont pas redescendus dans la rue malgré les appels de plusieurs mouvements contestataires. Les raisons de protester ne manquent pourtant pas. Jeudi, la Cour constitutionnelle a invalidé la loi électorale et dissout du même coup le premier parlement démocratique de l’histoire de l’Egypte. Dans la foulée, les 19 “sages” ont rejeté un autre texte instituant l’inéligibilité des caciques de l’ancien régime. Conséquence : sur le plan juridique, plus rien ne s’oppose à la désignation à la Présidence, dimanche soir, du général Ahmed Shafiq, ex premier ministre de Hosni Moubarak.
Dernier coup dur pour les révolutionnaires et les démocrates : à peine la loi d’urgence levée, le ministre de la Justice a redonné aux militaires le droit d’arrêter des civils. “Retour à la case départ” titre le journal indépendant, al-Shourouk. Même Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, s’est émue de ce grand pas en arrière.
Tout en dénonçant un “pustch” légal, les Frères musulmans n’ont pas appelé à des manifestations de masse. Car ils espèrent toujours faire gagner leur candidat, Mohammed Morsi, arrivé en tête au premier tour, avec 24,3% des suffrages, soit un point de plus qu’Ahmed Shafiq. “Isolons le représentant de l’ancien régime à travers les urnes”, proclament-ils dans un communiqué.
Mais en cas de défaite, les islamistes qui détenaient 70% des sièges à la chambre basse (confrérie et salafistes confondus), auront alors tout perdu. “Quel que soit le vainqueur, il y aura des troubles. Si Shafiq l’emporte, l’opposition va se liguer contre lui. Si c’est Morsi, l’armée et la police laisseront le désordre s’installer”, prédit Abdallah el-Senawy, un grand chroniqueur proche des nassériens qui n’exclut pas à terme une seconde “révolution”, voire “un coup d’état”.

En l’absence d’une nouvelle constitution et d’un parlement, le prochain chef de l’Etat disposera de pouvoirs quasi illimités, à faire pâlir d’envie un Hosni Moubarak. “Ce sera comme élire un empereur”, écrit l’ancien candidat libéral, le prix Nobel Mohamed el-Baradei sur son blog. Ou un pharaon ? (…)

Le nouvel Observateur

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