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Louis Schweitzer, ancien président du groupe Renault, directeur de cabinet du ministre du budget Laurent Fabius en 1981, président jusqu’en 2010 de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), membre de plusieurs conseils d’administration dont Veolia, BNP Paribas, et L’Oréal, il juge la situation économique actuelle et revient sur la campagne présidentielle.
[…] Le HuffPost: La campagne présidentielle vient de s’achever. En tant qu’ancien président de la Halde, comment avez-vous vécu le virage très à droite, très porté sur l’immigration, de l’entre-deux-tours?
Louis Schweitzer: Ce que je peux vous dire, c’est qu’à la Halde, j’ai défendu avec ferveur pendant cinq ans l’intégration. J’ai prôné la laïcité. Pas une laïcité accentuant le rôle des religions, pas la laïcité comme une arme, mais une laïcité qui pose le principe de l’égalité des religions.

La politique multi-culturelle était vouée à l’échec.

Il faut travailler encore et toujours sur l’intégration, et démontrer que l’égalité des chances est réelle. L’important, ce n’est pas ce qui légal ou pas: c’est l’égalité concrète, et je tiens au mot “concret”. Aujourd’hui, tous les efforts portent sur l’éducation. Mais l’intégration ne s’arrête pas à 18 ans, elle doit se prolonger au-delà, sur le marché du travail.
Le HuffPost: Ce n’est pas le cas aujourd’hui…
Louis Schweitzer: Non.

A qualification équivalente, un Français originaire du Sud de la Méditerranée à 9 fois moins de chances d’être embauché par rapport à un Français originaire du Nord de la Méditerranée. C’est sur cela qu’il faut agir. Quand vous êtes victime d’une telle injustice, comment croire dans le principe d’intégration ?

On ne peut pas dire que l’on a tout essayé mais j’espère -et je suis convaincu- que le nouveau gouvernement le fera […] Le HuffPost: Pour accroître leur compétitivité, les entreprises délocalisent de plus en plus. L’exemple le plus symbolique est Renault, que vous connaissez bien et qui a installé une usine au Maroc. Que pensez-vous de ces délocalisations soient évitables aujourd’hui?
Louis Schweitzer:Tout dépend de quelle délocalisation on parle.

Pour conquérir un nouveau marché, il est vital de pouvoir s’implanter dans le pays. En particulier pour un groupe comme Renault, dont les produits sont plus difficiles à transporter.

L’autre type de délocalisation est de déménager une usine afin de réduire les coûts. Lorsque j’étais président de Renault, nous n’avons jamais créé d’usine à l’étranger venant se substituer à une usine française. Mais, au-delà des usines, j’estime primordial de tout faire pour garder le coeur de l’entreprise en France, à savoir le siège social et la recherche et développement. A ce titre, le crédit impôt recherche est une excellente solution pour maintenir l’attractivité française […] Huffington Post

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NDLR : Renault délocalise au Maghreb avec l’appui du gouvernement français
La grande majorité de la production de Tanger sera exporté grâce au nouveau port Tanger Med, classé huitième zone franche mondiale.
En 2007, M. Ghosn soulignait que 90% de la production du site serait dédiée au marché mondial et «pas seulement européen», et 10% «au marché marocain, d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, voire de quelques pays d’Afrique».

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