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Pour Jean-Pierre Le Goff, sociologue, le score de Marine Le Pen et l’essor du Front National s’expliquent par le fossé de plus en plus grand entre les couches populaires et une gauche qui ne s’intéresse plus qu’aux «minorités».

La fracture que le Front national exploite n’est pas seulement économique et sociale, elle est tout autant politique et culturelle.
Depuis plus de trente ans, les résultats de l’extrême droite suscitent incompréhension et stupeur au sein d’une partie de la gauche, avec des relents de la lutte antifasciste d’antan dont des journalistes militants se veulent les nouveaux héros […] La dégradation des conditions économiques et sociales n’explique pas tout : pourquoi le succès du Front national et non celui de l’extrême gauche, qui n’a cessé de critiquer le capitalisme et la «dictature des marchés», bien avant que Marine Le Pen se mette à dénoncer l’ «hypercapitalisme», l’ «hyperlibéralisme», l’ «hyperclasse mondialisée»… ? […] La mondialisation économique s’est accompagnée de bouleversements culturels qui ont désorienté une bonne partie de la société. A gauche, le «mouvement social» a succédé au «mouvement ouvrier» sous la forme d’un composite où les salariés des services publics, les «exclus», les «mal-logés», les «sans-papiers»… côtoient les étudiants, les écologistes, les femmes, les «gays, lesbiennes et trans», puis les «indigènes de la République», les «Noirs de France» et autres groupes réclamant de nouveaux droits. La valorisation médiatique dont ont pu bénéficier ces groupes a accentué le sentiment d’abandon et de désarroi des couches populaires. […] Que signifient, du reste, les idées de «candidats de la diversité» et de «minorités visibles» dans le cadre du modèle républicain de citoyenneté dont on ne cesse en même temps de se réclamer ?
Le Monde

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