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Pour Barack Obama, la question raciale reste un champ de mines. Dès qu’il s’écarte d’une apparente neutralité, les critiques fusent. (…)
Toute mesurée qu’elle soit, sa réaction au meurtre de Trayvon a entraîné les habituelles critiques de ceux pour qui parler discrimination, c’est “diviser l’Amérique”.

“Est-ce que le président suggère que, si l’adolescent tué avait été blanc, ça ne poserait pas de problème parce qu’il ne lui ressemble pas ?”,

a lancé Newt Gingrich, candidat à l’investiture républicaine. “La question, ce n’est pas à quoi ressemblait ce jeune homme. Quelles que soient leurs origines, les jeunes Américains devraient être en sécurité !”
Indignations électoralistes des républicains ? Pas seulement. Deux sondages parus dans Newsweek et dans USA Today ont montré à quel point les Américains portent des lunettes différentes dès qu’il s’agit de race. A la question “Les stéréotypes raciaux ont-ils joué un grand rôle dans le meurtre (de l’adolescent) ?”, 78 % des Noirs ont répondu oui, contre 31 % des Blancs seulement. Les commentaires de Barack Obama étaient-ils appropriés ? 78 % des Noirs ont dit oui ; 70 % des Blancs, non.

Alors que 60 % des Noirs pensent que le racisme continue à être un problème important dans la société, 19 % seulement des Blancs sont d’accord.

Autant pour l’Amérique “post-raciale” de Barack Obama. (…)
Barack Obama participe régulièrement aux conventions des associations noires, mais il y tient un discours qui n’est pas des plus complaisants.

Il a remis à leur place les pères absents et les familles qui n’ont pas le courage d’éteindre la télévision.

Grandir dans la pauvreté “n’est pas une excuse” à de mauvais résultats scolaires, estime-t-il. Face à la crise, et avec un taux de chômage des Noirs à 16,7 %, soit le double du reste de la population, les militants blacks ont commencé à lui reprocher de refuser de reconnaître la spécificité des problèmes des Noirs. A l’été 2011, Cornel West a organisé un “Poverty Tour” dans seize villes américaines pour forcer une prise en compte spécifique de la discrimination qui, selon lui, est responsable des disparités dans les embauches.
La Maison Blanche, elle, est opposée à des mesures spécifiques en faveur des Noirs. M. Obama estime que ses mesures de relance économique sont conçues pour profiter à tous les Américains, et en particulier aux plus déshérités. Surtout, il s’efforce de parler le moins possible – pour éviter les polémiques -, mais d’agir pour atténuer les disparités. Une gestion très politique : en période électorale, le président a besoin non pas du vote noir, qui lui reste acquis à près de 90 %, mais de la mobilisation, notamment des jeunes, s’il veut réussir le tour de force de 2008, quand sa présence a amené aux urnes 2 millions de Noirs qui n’avaient pas voté les années précédentes. (…)
Le Monde

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