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Le Bondy Blog et l’Institut Montaigne, en partenariat avec le Monde, ont commandé une enquête OpinionWay sur le vote des jeunes habitants des quartiers marginalisés. Celle-ci révèle que cette tranche de la population devrait se mobiliser très fortement pour l’élection présidentielle.

L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 809 personnes de 18 à 40 ans vivant dans les 232 quartiers les plus dégradés de France. 80% d’entre-eux ont l’intention d’aller voter dimanche 22 avril. Antoine Jardin, spécialiste des comportements électoraux et la sociologue Leyla Arslan, qui a également coordonné l’enquête banlieue de la République avec Gilles Kepel, analysent pour nous les résultats de leur enquête. Interview.
 
D’après votre enquête, 80% des jeunes des quartiers marginalisés auraient l’intention de voter à l’élection présidentielle. Le niveau potentiel de participation dans les banlieues serait donc très élevé… Est-ce crédible ?
Antoine Jardin : Chez les personnes bien inscrites sur les listes électorales, le souhait d’aller participer aux élections atteint même 96%. Ces chiffres ne sont pas improbables. En 2007, il y a eu 82% de participation à Clichy-sous-Bois ou à Bondy. La participation pourrait être plus forte en banlieue que dans les autres secteurs de l’électorat. L’élection présidentielle est une élection particulière. Lors des élections intermédiaires, la démobilisation est plus forte en banlieue que dans le reste du territoire. Pour cette présidentielle, les chiffres montrent que la tendance pourrait s’inverser. Cela ne traduit pas forcément une espérance. Beaucoup de gens votent sans avoir confiance dans leurs responsables politique. Seuls 42% des répondants estiment que la démocratie fonctionnent « très bien » ou « assez bien ». Mais leur défiance politique ne les conduit pas forcément à s’abstenir.
Leyla Arslan : Oui, malgré le manque de confiance dans les dirigeants, les habitants des quartiers populaires souhaitent souvent faire la preuve de leur engagement civique. Il s’agit ainsi de montrer qu’on est quelqu’un d’impliqué, faisant usage de ses droits. Pour ce qui est des jeunes issus de l’immigration, il y a aussi la volonté de voter pour leurs parents.
Le fort taux de participation en 2007 était-il lié au rejet de Nicolas Sarkozy ?
Antoine Jardin : Il y a certainement un phénomène d’opposition à Nicolas Sarkozy. Pour autant, cela ne suffit pas à tout expliquer. Il y a eu une mobilisation plus forte dans les milieux populaires pour Ségolène Royal en 2007 que pour Lionel Jospin en 2002. Mais, il y avait peut-être aussi un effet 21 avril. Par ailleurs, il y a une vraie politisation des habitants des quartiers populaires et pas seulement une politisation en creux, uniquement par opposition à Nicolas Sarkozy. (…)
Le Bondy blog

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