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Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), estime que la France est trop «frileuse» vis-à-vis de l’intégration de populations étrangères sur son territoire.

Ne sommes-nous pas en train de procéder à l’équivalent d’une révocation rampante d’un nouvel Édit de Nantes ? A-t-on jamais calculé comment cette révocation, qui fit fuir de nombreux protestants, nous a privés d’une très grande richesse ?

En France, la diversité est trop souvent vue et présentée comme un problème et non comme un avantage. Elle est généralement traitée par certains responsables politiques et médias par le prisme des problèmes de l’intégration, du mal-être des banlieues et de l’insécurité, et parfois même du terrorisme.

Pourtant, elle peut être un atout de première main sur le plan intérieur, par la richesse de l’apport de cultures, et sur le plan extérieur par les capacités de rayonnement qu’elle nous assure. […]

Dans un monde globalisé, fait de circulation, être capable de disposer, au sein d’un même pays, de multiples facettes, est une aubaine indéniable. […]

L’existence de communautés diverses est une potentialité extraordinaire pour la France, qui doit déjà une grande part de son rayonnement à la richesse de sa palette démographique. Actuellement, on prend le problème à l’envers. On flatte les communautarismes en enfermant des citoyens français dans leur seule appartenance à une communauté d’origine, dans la réticence à accepter de nouveaux talents venus d’autres horizons. Je ne prendrais que deux exemples, parmi mes amis.

Pendant ses études, l’universitaire Esther Benbassa, venant de Turquie et résidente d’Israël, s’était vu offrir deux bourses, l’une par la Columbia University, l’autre pour venir étudier à Paris. Elle fit le choix de la France et devint l’une de nos grandes intellectuelles, siégeant aujourd’hui au Sénat en tant qu’élue du Val-de-Marne. Proposerait-on aujourd’hui ce type de bourse aux futures Esther Benbassa ? […]

Pour Tzvetan Todorov, fuyant la Bulgarie communiste en 1963, le choix de la France était une évidence. Un intellectuel fuyant une dictature aurait-il aujourd’hui le même réflexe ? […]

Le Nouvel Obs

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