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[Extraits d’un article du Nouvel Observateur] Entre les bobos et les “nouvelles classes populaires”, le divorce est consommé pour le géographe Christophe Guilluy. Il expose sa conception des deux France, métropolitaine et périphérique dans un “Atlas des nouvelles fractures sociales en France”.

Les nouvelles classes populaires sont hostiles à une immigration qui apparaît à leurs yeux comme la déclinaison locale de l’ultra-libéralisme. Entre les tenants d’une mondialisation heureuse et ceux qui vivent l’hyper-réalité de la mutation, le divorce culturel est consommé.

Pour Christophe Guilluy, la mondialisation qui s’est opérée ces 20 dernières années a métamorphosé la question sociale aussi profondément que la révolution industrielle au XIXe siècle. Les classes moyennes se sont déchiquetées, remplacées par les “nouvelles classes populaires” que tout oppose à la France des métropoles.

Les enfants de la France périphérique observent en silence que le recrutement prioritaire à Science Po concerne les étudiants des Zones urbaines sensibles. Jamais eux.

25 ans de mondialisation ont chambardé de fond en comble la sociologie de ce pays. La classe moyenne centrale n’est plus seulement émiettée. Elle a disparu. (…) Il y avait l’intégration par le travail et la promotion sociale d’une génération à l’autre. Il y a aujourd’hui un sentiment de dépréciation, de vulnérabilité, et la menace de la désintégration.(…) Qu’ils soient ouvriers, paysans, indépendants, ou cols blancs précarisés, ce sont eux qui subissent depuis un quart de siècle les délocalisations d’activité, la déflation salariale, la précarité et le chômage.

Une certitude : leur vision du monde est aux antipodes de celle des catégories supérieures, branchés sur le marché mondial. Deux cultures entrent en collision. Autant les bobos surdiplômés des coeurs de métropole évoluent avec aisance dans les flux mondiaux et sont familiers du multiculturalisme, autant les nouvelles classes populaires sont assignées à résidence et hostiles à une immigration qui apparaît à leurs yeux comme la déclinaison locale de l’ultra-libéralisme.(…)

L’entrée dans une société multiculturelle n’est pas qu’une simple péripétie. C’est une mutation anthropologique gigantesque.

Le libre échange des capitaux, des produits et des hommes a restructuré l’espace français de fond en comble. A peu près comme l’industrialisation avait remanié le monde rural. Dans cette nouvelle géographie sociale, je distingue d’abord une France métropolitaine concentrant les salariés les plus actifs et les plus mobiles. De l’autre côté, une France périphérique sur la défensive. Celle des nouvelles classes populaires… Elle représente 60% de la population. (…)

À l’écart du développement métropolitain, ces territoires représentent la France des fragilités sociales. (…) Les cursus éducatifs les plus performants sont de plus en plus excentrés et difficiles d’accès pour les enfants de la France périphérique. Et ils observent en silence que le recrutement prioritaire à Science Po concerne les étudiants des Zones urbaines sensibles. Jamais eux.

L’entrée dans une société multiculturelle n’est pas qu’une simple péripétie. Surtout en France, qui prônait et pratiquait jusqu’aux années 1970 l’égalitarisme républicain et l’assimilation des nouveaux arrivants. Que l’autre ne devienne plus “moi” mais ait à vocation à rester “autre”, à développer ses valeurs et une identité plus ou moins communautariste, c’est une mutation anthropologique gigantesque.

Lire l’article intégral sur le site du Nouvel Observateur

 

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