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Les indicateurs du marché du travail américain sont difficilement lisibles. Certains ne montrent aucune embellie. Et ceux qui enregistrent l’amélioration la plus spectaculaire peuvent être relativisés.

A première vue, le marché du travail américain semble parfaitement dégrippé. Les nouvelles inscriptions au chômage sont retombées à leur niveau le plus bas en quatre ans, selon des chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Parallèlement, les créations d’emplois sont reparties. Le pays a créé en février 227.000 emplois de plus qu’il n’en a supprimé. Cela fait trois mois que les créations nettes d’emplois dépassent 200.000. Ces bonnes nouvelles ont eu un effet positif sur les marchés. Mais paradoxalement, elles ne rassurent pas tous les experts.

En effet, même si l’appareil statistique des Etats-Unis est très avancé, il n’est pas forcément très lisible. “En fait, il est difficile de porter un jugement sur l’état du marché du travail aux Etats-Unis. La plupart des indicateurs relayés dans les médias sont biaisés !“, estiment ainsi les experts de Merrill Lynch dans une étude récente.

Le taux de chômage, par exemple, – à 8,3% en février -, ne reflète plus la vigueur de l’économie et ni celle de l’emploi! Il dépend beaucoup de l’évolution de la population active, c’est-à-dire du vieillissement de la population ou du nombre de personnes découragées qui sortent du marché du travail. Or ces derniers temps, les variations de la population active se sont amplifiées. Le nombre de personnes découragées, par exemple, a fortement augmenté. Lorsqu’il commencera à refluer, cela rendra la baisse du chômage plus difficile, même si l’économie repart. D’ailleurs, le mois dernier, la hausse de la population active a strictement compensé les créations d’emploi, ce qui a conduit à stabiliser le taux de chômage.

Les nouvelles inscriptions au chômage sont, elles aussi, difficiles à interpréter. La série, mise à jour chaque semaine, doit être lissée. Mais cela ne suffit pas. Dans le passé, le niveau actuel des inscriptions au chômage était toujours associé à des créations d’emplois plus fortes et à un taux de chômage plus faible, notent les experts de Merrill Lynch. Cette fois-ci, c’est différent. Les patrons sont sans doute plus frileux que d’habitude sur les embauches.

L’indicateur des créations d’emplois a lui aussi ses défauts. Tout d’abord, il est souvent révisé de manière importante. Ensuite, il est très sensible aux conditions météo! Cet hiver, le climat a été doux et le nombre mensuel de personnes au chômage pour des raisons de mauvais temps est tombé à 170.000, alors que la moyenne habituelle se situe aux alentours de 300.000 personnes. Les bons résultats récents en matière d’emploi s’expliqueraient donc en partie par la météo plus clémente.

Finalement, le meilleur indicateur du marché du travail, c’est le nombre d’emplois rapporté à l’ensemble de la population, concluent les experts après avoir passé en revue plusieurs indicateurs. Malheureusement, celui-ci n’indique pour l’instant aucune véritable reprise. Cela fait plus de deux ans qu’il reste bloqué entre 58% et 59%.

La Tribune

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