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(…) Le garçon a été frappé avec une grande violence, ses organes internes ont éclaté. Taoufik ne survivra pas. En arrivant, les policiers alertés par des habitants, ont croisé Morad, “titubant, hurlant, le visage ensanglanté”.

Le jeune homme est terrorisé. Dans cette cité alors en cours de réhabilitation, les habitants ont tout vu. En fin d’après-midi, à l’heure de la sortie des écoles, des balcons, on a pu apercevoir une étrange procession : sept garçons portant par les jambes et les bras un jeune noir. Direction le bloc 30 et la “veca”, comme ils disent en verlan. Des flaques de sang signaleront leur cheminement.

Douze jeunes hommes âgés de 20 à 31 ans – dont un mineur à l’époque des faits – sont jugés pour ce double lynchage. La mort de Taoufik est qualifiée de meurtre, neuf accusés en répondent tandis que le tabassage subi par Morad a finalement été analysé comme des violences en réunion.

Ce procès sera aussi une radiographie en détail de l’économie du trafic de stupéfiants dans une cité marseillaise.

On y entendra des silences dictés par la peur de représailles, sûrement aussi le ras-le-bol de résidents excédés par la violence engendrée par le trafic.

Ce jour-là, la violence a été spontanée, un véritable embrasement. Morad venait de “braquer” le vendeur du bloc 26, lui dérobant sa sacoche contenant la drogue et la recette. Des coups de feu sont tirés par le voleur pour couvrir sa fuite. Il est pourchassé à pied, en voiture, encerclé et tabassé sur une aire de jeux. Morad est sommé de donner le nom de son commanditaire. “Assos” lui a demandé de faire le coup.

En fin d’après-midi, ils escomptaient une recette de 10 000 euros. “Assos”, c’est Taoufik que le plus jeune des accusés est sommé d’aller chercher, sans lui mettre la puce à l’oreille.

Un véritable guet-apens pour ce garçon qui, loin d’être un Saint, agrandi avec la plupart de ses tortionnaires. (…)

La Provence

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