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Ca n’a pas été long. A peine apprenait-on (voir mon Lundi de la semaine dernière) le vote de cette loi qui décidait la numérisation et la mise en vente en ligne de l’ensemble des livres déposés à la Bibliothèque nationale au cours du XXe siècle, une première question venait à l’esprit: vont-ils rééditer l’ensemble des livres parus sous l’Occupation allemande entre 1940 et 1944?

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Probablement pas mais alors qui va décider quels livres republier et lesquels enfermer à double tour dans un nouvel Enfer?

(…) C’est l’histoire, qui fera des histoires, car des livres montrant des sympathies ou une compréhension du nazisme ont commencé à paraître en France dès la fin des années 20 et des livres antisémites, ou contenant des passages, ou un passage antisémite, ont paru tout au long du siècle.

Il va donc falloir relire des romans par centaines de milliers, des pièces de théâtre par dizaines de milliers, des essais, des livres d’histoire, des poèmes, avant de les mettre en ligne.

Travail de Titans! Qui demandera des Titans cultivés, à l’esprit vif, et que leur arrivera-t-il s’ils laissent passer, donc publier, ce que d’aucuns jugeront des horreurs infâmes?

Une association crée des ennuis, ces jours-ci, à l’éditeur de «Tintin au Congo», accusé de racisme envers les Noirs.

Des livres où se trouvent des phrases que plus personne n’écrirait sur les Noirs, il s’en trouve d’innombrables à la Bibliothèque nationale. Il faudra y veiller aussi. Encore du travail pour la censure a posteriori.

Je lis sur Rue 89 que M. Bruno Racine, qui préside la Bibliothèque nationale, annonce déjà qu’il n’est pas question de rééditer des oeuvres parues dans l’après-68 et qui sont indulgentes pour la pédophilie. Encore de la lecture, pour les censeurs, à se farcir.
Et les Arméniens? Il faudra traquer dans toute la littérature du XXe siècle ce qui y est dit ou non dit des massacres d’Arméniens.

Et la contraception? Et l’avortement? En Enfer, tous ces livres qui les ont combattus comme des crimes. En Enfer, ces tonnes de romans alors bien-pensants qui culpabilisaient la fille-mère tout en lui interdisant d’échapper à son sort.

N’oublions pas les homosexuels. Ils ont assez souffert d’être stigmatisés pour accepter de voir la Bibliothèque nationale remettre en circulation des ouvrages heureusement oubliés. (…)

Le Nouvel Observateur

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