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(…) Pour agir, il faut comprendre. Et c’est ce que nous essayerons de faire dans cet article, non pas en abordant l’ensemble des facteurs en cause mais, plus modestement, en tentant d’analyser les recompositions paradoxales du champ ou, plus exactement, des champs de l’antiracisme, entremêlés et dissociés, solidaires et conflictuels : l’antiracisme blanc et l’antiracisme indigène. Un tournant majeur, la Marche pour l’Egalité

Depuis son apparition au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l’antiracisme contemporain a connu en France de nombreuses mutations, notamment à partir de la fin des années 1960 avec l’émergence des luttes d’ouvriers maghrébins et, dans le milieu des années 1970, l’adoption d’une première panoplie de mesures de restriction de l’immigration. La métamorphose la plus importante de l’antiracisme correspond cependant à une autre période, marquée par la tentative – rapidement étouffée – des deuxièmes générations de l’immigration d’imposer leur présence dans l’espace politique. Ce sont les fameuses Marches pour l’Egalité des années 1980, référence toujours centrale d’une large partie des mouvements de l’immigration et des quartiers,

mais c’est également l’association SOS-Racisme, construite par le PS pour faire pièce à la dynamique autonome des Marches, et qui constitue à ce jour la matrice idéologique, principale de l’antiracisme blanc.

Tout cela est dit bien vite mais seulement pour avoir l’occasion de rappeler ceci : l’antiracisme blanc se transforme et se différencie, déterminé contradictoirement par la finalité qui le fonde, la lutte contre le racisme, et la peur que suscite en lui, comme dans le reste de la société française, le renforcement de la puissance indigène.

Une nouvelle métamorphose de l’antiracisme en France s’est ébauchée avec les attentats du 11 septembre suivis par la deuxième affaire du voile avant de se préciser au lendemain des révoltes de 2005. Nous assistons, depuis, à l’évolution inversée de l’antiracisme blanc et de l’antiracisme indigène.

Tandis que l’un tend à se recroqueviller sur de petits groupes et quelques individualités qui ne trouvent plus de leviers suffisamment motivant pour mobiliser une bonne conscience blanche, elle-même désormais incertaine, l’autre retrouve un nouveau souffle et s’épanouit sur des bases politiques en voie de clarification. (…)

Bellaciao

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