Fdesouche

Travail gratuit : le nouveau rêve de tout libéral (ou capitaliste, ça revient au même dans les faits malgré les dénégations des zozos en question) : déconnecter le travail de la rémunération et du capital. Précarité en hausse, stages qui s’enchainent dans l’espoir de trouver un travail rémunéré au prix “normal.“

A se demander si on ne voit pas naître une nouvelle classe sociale le précariat, à coté du salariat . Et si cette situation ne profite pas involontairement ou volontairement à certains salariés qui exploitent ainsi leur semblables pour éviter de tomber sous des sanctions ou de ne plus progresser dans leur carrière (en gros: font de la lèche et exploitent les stagiaires ni vu ni connu). Ce qui devait faire penser aux marxistes que la classe ouvrière ou le prolétariat (qui inclue pour eux les cadres) peuvent très bien se cannibaliser et toujours dans un même sens : les plus faibles en premier.

Ce phénomène insidieux associé à l’apparition d’une nouvelle aristocratie aboutira si rien n’est fait à une ploutocratie où les salariés mettront leur force de travail en vente dans des marchés aux enchères… Vous allez voir que cela existe déjà !

France : Stages et RSA

Nous avons eu le STO 2.0 pour le RSA présenté par la droite sociale influencée par la droite populaire, qui elle même copie les droites “à droite” de l’union européenne dans un mouvement anti-assistanat qui est en fait chargé de transformer le travailleur ou chômeur pauvre en bouc émissaire. Comme le fait d’ailleurs le troll Mistral depuis qu’il un blog à son effigie.

On trouve des stages non payant avant 2 mois, bizarrement c’est la limite pour beaucoup de stagiaires… Forcément, le stage ne devient payant qu’au bout de 2 mois…  Là encore on trouve ça dans des secteurs d’activité comme le luxe, la mode. Constaté par moi même en discutant avec de jeunes twitteurs. Terrible façon de commencer dans la vie active, surtout quand on approche 30 ans !

Et que dire, des blogeurs qui travaillent gratuitement pour un site de presse qui lui bénéficie des subventions d’état pour ses salariés.

On trouve aussi des stagiaires dans les métiers “intellos” : communication, médias, cinéma et qui ne sont pas rémunérés , avec auto-conviction “je dois faire mes preuves” qui fait que la victime se convainc du rôle bénéfique pour tous de son expérience. Terrible constat qui aurait captivé Pavlov : Le salarié se met lui même dans le costume de l’esclave et porte sur lui la faute de la situation “je dois” et courre à la gamelle qui est alors presque vide.

Tout ce qu’on sait , c’est que  leur nombre serai passé de 800 000 à 1,2 millions en 4 ans (2010), + 50% . On peut donc saluer l’effort de l’UMP et du MEDEF . Tout ça c’est du travail gratuit ou presque, une façon ignoble de réduire le coût du travail.

USA, le pire du meilleur de l’horreur :

Avec des stagiaires qui payent pour avoir un stage gratuit : ça s’est vu aux USA. Bien sûr dans le luxe, ou entreprises “très réputées”. Ainsi, Disney aux USA : 7000 stagiaires qui viennent de partout, travailler payé au lance-pierre et sans  protection sociale. Disney a même conclu des accords avec des lycées et universités :

 Pour monter un projet de cette taille, nous avions besoin de l’aide des universités (..) Outre le nombre, l’impératif était de pouvoir obtenir une main-d’œuvre flexible susceptible d’être ajustée aux fluctuations [saisonnières].

Flexible veut donc dire payé à coup de lance-pierre ! Pour les complices locaux dans l’enseignement supérieur, tout ça se justifie :

“Son principal effet est d’améliorer l’estime de soi des étudiants.”

Terrible non ? Le message est clair : Ne pas être payé à la valeur du travail, se taire et en cadeau faire un beau sourire à l’employeur et à ses clients devenus complices  et assimiler son propre rôle d’esclave sous payé. Pensez-y quand vous irez visiter Mickey au USA. En France Disney l’annonce sur son site WEB: plus de 1000 apprentis et stagiaires accueillis chaque année. Mais le pire est à venir, voilà ce que j’ai trouvé  dans Courrier International n°1075, qui proposait un dossier sur le sujet, avec un extrait de la  London Review of Books :

Il existe même un marché où l’on peut acheter des stages aux enchères. Une place chez Versace a ainsi récemment atteint 5 000 dollars ; des droits de blogging temporaires au Huffington Post ont été adjugés pour 13 000 dollars ; et quelqu’un a même été prêt à débourser 42 500 dollars pour travailler quelques jours à Vogue.

Dream Careers, une boîte californienne, vend chaque année 2 000 stages dans le monde entier. On peut acheter huit semaines l’été pour 8 000 dollars (pour Londres, ce sera 9 500 dollars). La valeur pédagogique de ces stages reste pourtant à démontrer, qu’ils soient organisés par Dream Careers ou par une université.  

On le voit marché du luxe, ou des communications. Avec des noms connus, comme le Huffington Post. Présenté comme un modèle par les adeptes des médias en mode pure player, on voit qu’il y a de drôles de pratiques autour de ce modèle.

Royaume-Uni : Déguiser un emploi en stage c’est illégal.

Selon le guardian qui a enquêté , une enquête réalisée par Yougov pour internocracy nous apprend que près de un dirigeant sur cinq reconnait prendre des stagiaires pour réduire ses couts de main-d’oeuvre. Là bas des stagiaires font condamner les employeurs .. à se faire payer le salaire minimal et des congés payés . Pour l’employeur en cause le discours est entendu partout : Si les publications sont sanctionnées pour avoir aidé des bénévoles à acquérir l’expérience qui leur manque, les offres de stages vont se raréfier.

Or dans le monde salarié, la formation sur le tas, ça existe depuis des années. les périodes d’essai aussi, ainsi que la formation continue des salariés. Mais là encore ce que veulent ces entrepreneurs, c’est profiter gratuitement de personnel formés par des études supérieures et qui acceptent de travailler sans être payés. Et là encore ça concerne des agences Web, des entreprises 2.0, des agences de communication ou autres… Un mouvement Cashback for Interns a donc été lancé: 37% des stages ne sont pas rémunérés ou sous le minimum légal.

Selon le Guardian “Si la gauche européenne ne répond pas aux aspirations des salariés les plus fragiles et les plus exposés à la crise, c’est l’extrême-droite qui s’en chargera. Il faut réinventer la trinité progressiste de l’égalité, de la liberté et de la fraternité.“.

On notera que pour le quotidien anglais, la devise de la Révolution française est à ré-inventer. Et que ce message s’adresse aussi à notre gauche à nous !

Espagne : J’ai vu une vidéo sur I>télé avec des témoignages de CDD non payés. Ah zut la vidéo n’est plus disponible… comme c’est dommage. Idem pour la Grèce, si des manifestants demandent à être payés, d’après vous , c’est pour quelle raison ?

Mexique : un nouveau modèle libéral? Faire travailler les enfants gratuitement

Au Mexique, parmi les 3, 470 millions d’enfants qui travaillent, 70% ne reçoivent aucun salaire et seulement un cinquième de ceux qui les emploient leur donnent une rémunération quotidienne. Ces chiffres furent dénoncés à l’occasion de la table ronde « No a la explotación laboral, compartamos la mirada y unamos nuestras voces » organisée hier par diverses Organisations Non-Gouvernementales.

Au Portugal près de 300’000 Portugais doivent cumuler les emplois pour joindre les deux bouts. Phénomène qui touche aussi les classes moyennes.

Voilà une vidéo, qui explique que la bas 40% des employés sont précaires.

Italie : le gouvernement fait travailler gratuitement des stagiaires dans les services gouvernementaux. Avec de terribles aveux.

“Il arrive que le responsable aille se promener et que le stagiaire élabore un document à sa place – des indicateurs de performance, des indicateurs de bilan, un journal officiel, des décrets-lois, des communiqués de presse, des notes aux médias…,

Et comme en France, le ministre explique qu’il faut bien sûr empêcher tout ça. Et bizarrement on a trouvé aussi des membres de cette administration dénoncer les faineants ! Tout en faisant travailler des stagiaires sans les payer.  Et ce qu’on pourrait trouver ça en France ? je me le demande.

Autre forme de travail gratuit qui est apparue chez nous : l’externalisation ouverte c’est à dire l’utilisation du savoir-faire des internautes pour effectuer des tâches traditionnellement effectuées par des salariés. L’opérateur télécom Bouygues-Télécom l’a ainsi fait avec son offre “B&YOU” où le service après vente est .. assurée par les clients eux même. Version raccourcie, et moins glorieuse du cas du Huffington Post qui a rapporté 315 millions de dollars à sa créatrice alors qu’une grande partie du contenu et de la réputation du site venait du travail de bénévoles. Tout ça sous le vocable de crowdsourcing. Qu’on présente comme un management de la connaissance, alors que ce n’est que la transformation en capital .. du travail gratuit de tiers. D’après vous d’où vient la valorisation boursière de Facebook ou d’autres sites du même genre qui s’approprient vos contenus ?

les mêmes entreprises adeptes de ce travail gratuit font aussi des efforts considérables pour ne pas payer d’impôts. Ainsi Amazon qui dépend énormément des avis des lecteurs et de leur comportement d’achats pour son système de conseil de lectures (donc crowdsourcing) menace de quitter les états US qui oseraient le taxer !

On le voit, nos top winners décideurs au somment de la société, dirigeants d’entreprises profitables ont trouvé un bon moyen de réduire le cout du travail et ce un peu partout dans l’OCDE ou zone “occidentale” : Faire travailler gratuitement des salariés formés, et bientôt les faire payer pour travailler gratuitement en copiant le modèle US. Et qu’on ne compte pas sur l’OCDE pour être honnête en critiquant (serait-ce possible), par ce que l’organisation bras armée du libéralisme propose des stages non rémunérés… pour établir des notes et participer à la rédaction de rapports .. de l’OCDE.

Sarkopipo

Fdesouche sur les réseaux sociaux