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Les parents des petits rescapés du séisme, sans statut légal, sont en colère. Certains enfants ont été abandonnés par leur nouvelle famille.

Les parents qui ont adopté les quelque 1 000 enfants haïtiens au lendemain du séisme survenu sur l’île en janvier 2010 sont en colère. Regroupés dans un collectif de 300 familles, ils manifesteront demain devant le ministère des Affaires étrangères pour essayer, à la veille de la Journée internationale des droits de l’enfant, de faire entendre leur voix.

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Ces enfants, tous sur le territoire français aujourd’hui, ont été adoptés légalement et disposent de jugements en droit haïtien à faire transcrire en droit français par nos tribunaux, comme le veut la loi. Ils sont scolarisés, ont une existence administrative, puisqu’ils sont pris en charge par la Sécurité sociale et les CAF, qui les «reconnaissent» officieusement. Pourtant, ils n’ont toujours pas de statut légal. Pas de papiers, pas de filiation établie avec leurs parents adoptants, pas de nom de famille. […]

«Nous sommes scandalisés et inquiets. Après avoir vécu l’abandon et la misère, il faut encore leur infliger ce flou identitaire et cette instabilité psychologique? s’indigne Olivier Janne, président d’EEA, le collectif. C’est ça, l’intérêt supérieur de l’enfant? Nous combattrons donc pour l’intégration pleine et entière de nos enfants, pour leur sécurité juridique et la reconnaissance de leurs droits. » […]

Malade, difficile à s’insérer, parfois violent, l’enfant rêvé et l’enfant réel ne se rejoignent pas toujours.”

Trop de complexités, trop de précaution, jugent de nombreuses associations. Pourtant, la prudence est de mise : plusieurs enfants haïtiens ont été de nouveau abandonnés après leur arrivée en France, confiés à la Ddass par leurs parents adoptants. «Malade, difficile à s’insérer, parfois violent, l’enfant rêvé et l’enfant réel ne se rejoignent pas toujours, explique Hélène, pédopsychiatre, qui a reçu certains de ces cas. L’adoption est vraiment une greffe qui prend ou ne prend pas. » Encore moins quand elle répond à une logique humanitaire, comme le développe dans ses ouvrages le psychiatre Pierre Lévy-Soussan. «L’adoption internationale n’est pas une solution d’urgence, écrit-il. Il s’agit de construire une famille, pas de sauver des enfants.» […]

Tabou par excellence : 80 petits adoptés seraient abandonnés chaque année en France, soit 2% du total des adoptions. Une statistique nettement sous-estimée, selon les spécialistes qui parlent, eux, d’un cas sur dix.”

Le Figaro

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