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Fatigués des larmoiements des «indignés»? Pourtant, ces jeunes gens, qui occupent les centres financiers de New York, Montréal et de plusieurs villes de la planète, ont au moins une bonne raison de se plaindre.

Jamais, dans l’histoire récente, la situation financière des jeunes en général n’aura été aussi mauvaise par rapport à celle de leurs aînés.

C’est du moins ce que révèle une étude troublante que viennent de publier des chercheurs américains. Selon le Pew Research Center, un «think tank» réputé basé à Washington, les ménages âgés de 35 ans ou moins sont en moyenne 47 fois moins fortunés – ou plus pauvres – que les gens de 65 ans et plus.

Or, en 1984, ce ratio était seulement de 10 pour 1.

Autrement dit, le fossé générationnel, au strict plan financier, ressemble aujourd’hui au Grand Canyon.

Certes, cette étude porte sur les finances personnelles des Américains, si bien que la même enquête donnerait sans doute des résultats variables dans différents pays. Elle constitue néanmoins un bon indicateur de la situation de beaucoup de jeunes gens dans le monde, vu les similitudes démographiques et économiques entre plusieurs pays occidentaux.

Le groupe Pew a calculé la «valeur nette» des Américains par tranche d’âge, soit l’ensemble de leurs actifs moins leurs dettes, ce qui constitue une bonne mesure de la richesse réelle d’un individu.

On y apprend qu’à la fin 2009, l’avoir net des 65 ans et plus avait grimpé de 42% en termes réels (en tenant compte de l’inflation) par rapport à 1984. Pendant ce temps, celui des 35 ans ou moins a fondu… de 65%.

Il est certes normal que les plus vieux, au terme de plusieurs années de travail, aient plus d’argent que les jeunes, qui ont moins de possibilités d’épargner. Mais l’écart entre les deux groupes d’âge, à ce propos, s’accroît de façon alarmante.

En dollars de 2010, la «richesse» des retraités américains d’aujourd’hui atteindrait donc 170 494$ US en moyenne, contre un maigre 3662$ US pour les ménages de 35 ans ou moins. D’où le multiple de 47 pour 1 en faveur des plus vieux.

Pourtant, il y a 25 ans, la valeur nette des jeunes n’était pas si loin de celle de leurs aînés, soit 11 521$ US (toujours en dollars de 2010) comparativement à 120 457$ US respectivement, ou un rapport de 10 pour 1.

En fait, chanceux sont les jeunes Américains qui peuvent se vanter d’avoir le moindre sou qui leur appartient vraiment. Selon Pew, 37% des ménages de 35 ans ou moins ont en effet une valeur nette nulle, ou même négative en tenant compte de leurs dettes. C’est une proportion presque deux fois plus élevée qu’en 1984 (19%).

Une génération de chômeurs

On sait tous que le ralentissement économique, provoqué d’abord par la crise financière 2007-2008 puis par la crise européenne, affecte tout le monde de différentes façons.

Beaucoup de propriétaires, par exemple, ont vu la valeur marchande de leur maison chuter aux États-Unis, ce qui réduit le pactole des plus vieux. C’est la même chose dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Espagne, en Angleterre et en Irlande, où les prix des propriétés ont également baissé.

Mais les jeunes ont une pente encore plus abrupte à remonter. Celle-ci se résume en un mot: le chômage.

Aux États-Unis, environ 20% des jeunes de 25 ans ou moins – ou un sur cinq – n’ont pas d’emploi, alors que le taux de chômage est de 9% dans l’ensemble de la population.

Dans les économies les plus mal en point d’Europe, la situation est encore plus grave. Plus de 45% des jeunes en Grèce et environ 38% des jeunes Espagnols sont au chômage.

En Italie, qui est au coeur des préoccupations européennes ces jours-ci, le chômage chez les 15 à 25 ans atteint un taux accablant de 28%, selon l’agence Eurostat. Le Canada, par comparaison, s’en tire mieux avec un taux deux fois moindre, à environ 14%.

Or, ce qui est troublant, c’est que la situation des jeunes ne s’améliorera pas de sitôt, préviennent les économistes. Avec les compressions des dépenses publiques dans plusieurs pays et une économie mondiale en perte de vitesse, l’avenir de beaucoup d’enfants de baby-boomers réserve surtout une chose: d’autres jours difficiles.

Voilà de quoi s’indigner, quel que soit son âge.

LaPresse.ca

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