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Pour Dounia Bouzar, anthropologue au cabinet Cultes et Cultures, experte auprès du Conseil de l’Europe sur les discriminations religieuses, une véritable laïcité implique que l’islam soit considéré comme partie intégrante de la société française.

Appréhender toute initiative d’inclusion musulmane comme du communautarisme repose sur le fait que l’islam est vécu comme une référence étrangère. Ce fameux «nous» et «eux», jusqu’à quand ?

[…] À partir de quand est on différent ? À partir de quand est on similaire ? Appréhender Mohamed comme «issu de la diversité», alors qu’il a grandi avec Élisabeth et David depuis l’école maternelle, qu’il écoute la même musique et regarde les mêmes films, peut être aussi violent que de l’empêcher d’être musulman. Transformer une petite différence en catégorie permet d’enfermer un groupe d’individus dans une définition toute faite et de penser à leur place.

La diversité religieuse, lorsqu’elle est bien gérée, ne mène ni à l’assimilation ni au communautarisme ! La laïcité a été instaurée pour que les Français puissent ensemble avoir un destin commun, avec leurs identités multiples, qui peuvent d’ailleurs évoluer. […] Car pour ne prendre qu’un exemple, si Noël fait partie de la culture commune de tous les Français, croyants ou pas, chrétiens ou musulmans, la demande de fêter l’Aïd «tous ensemble», de manière culturelle, est vécue comme du communautarisme incompatible avec la laïcité…

Il va falloir cesser le double discours sur la laïcité et faire un choix : soit la France impose une vision du monde (catholique ou athéisme) et abroge la loi de 1905 qui garantit à chacun sa liberté de conscience tant qu’il n’entrave pas celle de son voisin ; soit la France applique la loi de 1905 à tous de la même façon et cesse de considérer la pratique musulmane comme la preuve du refus de s’intégrer. […]

Saphirnews

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