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Dans son livre choc, «Un silence d’État» (Soteca-Belin), l’historien Jean-Jacques Jordi, docteur en histoire, enseignant, notamment à l’École des hautes études en sciences sociales, dévoile des centaines d’archives interdites d’accès. Cinquante ans après, celles-ci remettent en question la vision à sens unique propagée jusque-là sur la guerre d’Algérie.

C’est un historien réputé, plutôt classé à gauche, qui a eu la lourde tâche de «fouiller» les archives inédites de la guerre d’Al­gérie. «Mon travail est scientifique, dit-il. Je ne suis ni un juge qui décide «c’est juste ou injuste» ni un religieux qui décrète «c’est bon ou mauvais». » Raison pour laquelle Renaud Bachy, président de la Mission in­terministérielle aux rapatriés, l’a exceptionnellement autorisé il y a quatre ans, au nom du gouvernement, à plonger dans ces archives, normalement interdites d’accès pour une période allant de soixante à cent ans. [….]

Documents parfois terribles à l’appui, Jean-Jacques Jordi révèle une «autre» guerre d’Algérie, où les «héros de l’indépendance» – tout du moins une par­tie d’entre eux – livrent la face obscure de leurs méthodes : enlèvements, viols, tortures, actes de barbarie… Jusqu’à ces «quarante Européens séquestrés» jusqu’à ce que mort s’ensuive pour servir de «donneurs de sang » aux combattants FLN ! Ces faits, démontre l’ouvrage, étaient connus, et même soutenus, par les dirigeants algériens de l’époque. Aussi incroyable que cela puisse paraître, écrit-il, «il n’y eut aucune poursuite judiciaire de la part de la justice algérienne contre ceux qui s’étaient rendus coupables d’exactions ou de meurtres».

Mais les archives secrètes n’épargnent pas non plus les autorités françaises et le rôle des «barbouzes» envoyés sur place : oui, des Français ont torturé d’autres Français ; oui, des listes de militants supposés de l’OAS ont été transmises aux insurgés ; oui, des ordres ont été donnés afin de ne pas intervenir, condamnant à mort des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants… Au-delà de la passivité, une véritable complicité. Comment qualifier autrement l’attitude – révélée par un rapport – de ces gendarmes mobiles rendant à ses bourreaux FLN un ressortissant français «torturé à l’électricité et battu» qui était parvenu à s’enfuir et à se réfugier dans leur cantonnement ? […]

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