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L’observatoire politique réalisé par l’institut CSA pour Les Échos les 11 et 12 octobre 2011 fait état d’une opinion française majoritairement favorable au protectionnisme. Qu’en est-il ?

Les principaux chiffres démontrent que 54% des Français prônent une politique commerciale protectionniste sous la forme de droits de douane plus élevés sur les produits importés. Dans le détail, comme le démontre le graphique ci-dessous, 15% se disent « très favorables », contre 27% « plutôt opposés » et seulement 14% tout à fait opposés au protectionnisme.

Seriez-vous favorable ou opposé à une politique commerciale protectionniste, c’est-à-dire une politique qui augmente les droits de douane sur les produits importés ?

Malgré des réponses largement favorables au protectionnisme, moins d’un sympathisant du MoDem sur deux (45%) approuve l’augmentation des droits de douane sur les produits importés. Force est de constater que cette idée séduit surtout à droite, avec 61% de personnes favorables! Cependant, on réserve un bon accueil aux mesures de protectionnisme économique chez les sympathisants de gauche (57%) tout comme ceux du Front national (53% dont 27% « tout à fait favorables »).

Au regard de l’appréciation du protectionnisme par classe socioprofessionnelle, il apparaît que les classes moyennes sont majoritairement favorables à cette notion (54%), presque à égalité avec les cadres (57%). En revanche, cet engouement n’atteint pas les ouvriers qui se montrent bien plus réticents (seulement 42% d’adhésion et 49% de personnes contre). Parce que les ouvriers sont les plus sensibles au pouvoir d’achat ils sont, de fait, les premiers inquiets d’une augmentation des droits de douane sur les produits importés…

Avec 54% d’opinions favorables, le protectionnisme semble avoir été un élément clé du succès d’Arnaud Montebourg, fervent avocat du concept de la démondialisation lors du premier tour des primaires socialistes, même si le protectionnisme séduit aujourd’hui en priorité les sympathisants de la droite. Alors comment protéger son industrie et ses emplois dans ce contexte de déficit commercial et budgétaire ? Voilà une question que les Français ne sont pas seuls à se poser. Le Sénat américain, confronté au même constat, a voté récemment un projet de loi visant à surtaxer les produits fabriqués en Chine. Charles Schumer, le sénateur de New York justifie même que « les pratiques chinoises inéquitables » sont en partie la cause de la perte massive d’emplois aux États-Unis.

Preuve que le souhait désormais affiché de recourir à une politique de protectionnisme économique est bien spontané, l’analyse des réponses par catégories ne rejoint pas les lignes de partage du référendum de 2005. A sept mois du premier tour, et alors que le concept de démondialisation s’est invité dans la pré-campagne, les thématiques liées au protectionnisme font leur grand retour. Sujet fondamental de la maîtrise, du contrôle et de la régulation du libre échange. Face à la mondialisation malheureuse et son cortège d’usines fermées et le protectionnisme illusoire de la frontière fermée, persiste une exigence : la réponse ne peut être qu’européenne. C’est tout l’enjeu du G20 de Cannes autour de Nicolas Sarkozy en novembre.

La crise de l’euro couplée à la crise économique angoisse les Français, si bien que 79% d’entre eux considèrent que nous traversons la crise la plus grave que la France ait connu. Anecdote ou pas, ils sont tout de même 20% à estimer que les débuts de cette crise datent de 1981 ! Cette crise a vraisemblablement renforcé le sentiment de méfiance des Français vis à vis des marchés financiers mondiaux, et ils désirent maintenant voir la France se protéger davantage des marchés extérieurs. Et le désir de protectionnisme s’étend aussi au niveau européen ! Un sondage Ifop pour le JDD sur le regard des Français face à la crise démontre ce point primordial. 74% des Français sont favorables à la mise en place d’une politique protectionniste aux frontières de l’Europe.

Total des Français favorables aux mesures suivantes

Crise oblige, les préoccupations liées au contexte économique seront plus que jamais le fil rouge de la campagne présidentielle de 2012. L’interview de Nicolas Sarkozy sur France 2 et TF1 est décisive et il y a fort à parier que seule la capacité des candidats à apporter des réponses claires et crédibles à la crise sera reconnue au printemps prochain.

Atlantico

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