Fdesouche

Ou comment le monde moderne réagit aux traces des anciens. Vingt-deux milliards de dollars ! C’est la valeur du trésor que l’on a retrouvé enterré sous un ancien temple indien et qui provoque, depuis des semaines, une violente querelle politique et publique, ranimant en sourdine les anciens clivages de caste d’une Inde moderne, partagée entre l’élite des brahmanes et l’exclusion des intouchables. Alors que l’exode rural et la modernisation excessive provoquent des suicides en chaîne dans les campagnes et une augmentation des situations de précarité, l’Inde se bat pour savoir que faire de cette richesse.

La chambre forte souterraine de Padmanabhaswamy, temple du 16ème siècle au Sud du Kerala fut ouverte, pour la première fois, en mai dernier. C’était la caverne d’Ali Baba. Le trésor est constitué d’ornements d’or étincelants, de pièces du 18ème et 19ème siècles et de sacs de pierres précieuses. Cette découverte « archéologique » est l’une des plus grandes, jamais réalisées en Inde.

Elle a donc, immédiatement, déclenché une plainte légale de la famille royale de la région de Travancore, au Kerala, qui contrôle officiellement le temple depuis des siècles. La plainte a été déposée à la Haute Cour de Justice qui a décidé de mettre le trésor sous la tutelle d’une société d’utilité publique. L’actuel Maharajah, chef de la famille royale, Marthanda Verma, est donc remonté avec l’appui de politiciens locaux jusqu’à la Cour suprême indienne pour défendre ses intérêts. C’est la Cour Suprême qui tranchera le différent pour savoir qui doit assurer la garde du temple, dont cette famille royale avait la charge depuis près de trois siècles.

Un destin scellé par les hommes ou les Dieux ?

Le Kerala est un État évolué, à la population cultivée et politisée.. Dès la découverte du trésor, les citoyens ont réclamé que cette fortune soit injectée dans l’économie kéralaise pour les couches les plus défavorisées de la population car, malgré son boom économique, l’Inde compte encore, officiellement, à peu près 450 millions de pauvres.

Le Parti du Congrès du Kerala a défendu la famille royale locale en insistant pour dire qu’elle faisait partie intégrante de l’histoire et des traditions du temple et qu’elle avait forcément joué un rôle prépondérant dans la constitution de ce trésor. Il insista sur la tradition progressiste et socialisante de la famille.

Le site est actuellement gardé par des militaires armés car, en plus, de la famille royale, les fondamentalistes hindous considèrent, eux, que de toutes manières, ce trésor est sacré et qu’il ne doit donc en aucune façon, sortir du temple mais rester la propriété des Dieux. On est donc, maintenant, en attente du verdict de la Cour Suprême, alors que d’autres sont partisans de la construction d’un Musée qui amèneraient, dans ce district du Kerala, encore plus de touristes, donc de devises. En tout cas, qui a dit que les Indiens n’étaient pas des gens intéressés ?

Comme on le sait, l’Inde s’ouvre de toutes parts. C’est le cas, en particulier, de l’Arunachal Pradesh (État du nord-est qui longe le Bhoutan et la Chine) et qui est devenu une zone de tous les trafics (matériel électroménager et prêt-à-porter). Du coup, dans cet État, autrefois fermé et inaccessible, des linguistes ont découvert une nouvelle langue, le koro, troisième langue entre le akha et le miji.

C’est une langue totalement méconnue, non répertoriée et sur laquelle on ne dispose d’aucune information. Le koro était passé inaperçu car il n’est parlé que par huit cent personnes, dans une région dont l’accès était soumis, jusqu’à peu, à des restrictions draconiennes (interdiction aux touristes).

Notons qu’en 2009, 29 nouvelles langues ont aussi été recensées dans une région de Chine où, jusqu’ici, une seule langue avait été signalée. Découvertes de langues nouvelles, mais combien disparaissent par l’effet destructeur du nivellement par l’anglais ou l’espagnol, langues pionnières, eu égard au Français particulièrement menacé dans le monde, à chaque endroit où il se parle. Fin du rayonnement d’une langue : fin d’une puissance, même moyenne !

Metamag

Fdesouche sur les réseaux sociaux