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L’aggravation de la crise depuis l’été a totalement rebattu les cartes. Du coup, le plan de sauvetage du 21 juillet, brandi par les gouvernements comme la seule option possible, paraît de plus en plus décalé. Aujourd’hui, toutes les options de ce plan ou presque sont à nouveau sur la table.

Après avoir martelé pendant des semaines que la Grèce ne ferait pas défaut et qu’il suffisait d’appliquer à la lettre le programme du 21 juillet pour calmer les marchés, les dirigeants européens sont apparemment en train de changer d’avis.

Au moins trois raisons à cela : le lobbying des Etats-Unis et du FMI, inquiets du risque de récession que la crise de la zone euro diffuse peu à peu ; la récession qui s’installe en Grèce et nécessitera plus de fonds que prévu pour lui éviter un défaut : enfin, la pression des marchés qui n’ont jamais vraiment cru à l’efficacité des mesures décidées en plein coeur de l’été.

De fait, chacune des dispositions de ce qui devait constituer l’arsenal anti-crise de la zone euro est à nouveau en chantier.

Le niveau de participation du secteur privé au financement de la dette grecque

Le ministre français de l’Economie et des Finances, François Baroin, l’a indiqué hier de façon sibylline, la chancelière Merkel l’a formulé plus clairement, à Bruxelles : les banques pourraient être poussées à participer davantage que prévu aux pertes financières sur leurs créances grecques.

Elles devraient accepter une décote plus importante que les 21 % prévus par l’accord du 21 juillet. Au total, la part du secteur privé dans le plan global, qui devait être d’un tiers (50 milliards d’euros) sur un total de 159 milliards, serait revue à la hausse.

La taille du Fonds européen de stabilité financière (FESF)

Les solutions techniques sont encore floues, mais l’idée d’utiliser « de la façon la plus efficace possible » le Fonds européen de stabilité financière, doté de 440 milliards est dans toutes les têtes. Effet de levier, démultiplicateur, différents schémas sont à l’étude pour renforcer sa force de frappe, jugée insuffisante si la crise venait à se propager.

Le fonds aura en effet pour mission de faire des prêts de précaution aux pays fragilisés, de racheter leur dette et aussi de recapitaliser les banques. Les Allemands et le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, soutenus par le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, ont rejeté les solutions qui visent à mélanger les tâches de la BCE et du FESF.

La date de mise en place du Mécanisme européen de stabilité

Il devait succéder au FESF à la mi-2013. L’Allemagne veut désormais qu’il voit le jour dès la mi-2012. Le vice-chancelier allemand, Philipp Rösler, en charge du ministère de l’Economie, a rencontré hier à Paris François Baroin pour discuter dans le cadre de ce mécanisme de l’organisation planifiée d’un défaut d’un pays en difficulté de la zone euro.

Il s’agirait de lever les incertitudes sur les effets pour la zone euro, et, au-delà, de la banqueroute abrupte d’un pays. Dans un courrier émanant de Philipp Rösler dont la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » a eu connaissance, il est précisé qu’un organisme indépendant supranational serait chargé de mener les négociations avec toutes les parties.

La recapitalisation des banques

Face à l’aggravation de la crise de la dette, l’inquiétude a monté sur la capacité des banques à supporter un défaut de la Grèce voire une contagion de la crise à ses voisins. Tandis que le commissaire aux Affaires monétaires, Olli Rehn, déclare qu’il faut coordonner au niveau européen un nouvel effort de capitalisation, des discussions sont engagées sur une application plus rapide que prévu des règles de capitalisation de Bâle III.

Hier, la chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré qu’une recapitalisation des banques pouvait être justifiée, « s’il y a un constat commun que les banques ne sont pas assez capitalisées, compte tenu de la situation actuelle des marchés financiers ».

Jusque-là, l’on pensait que le FESF pourrait aider à la recapitalisation des établissements les plus fragiles de la zone euro. Désormais, il s’agit d’une entreprise beaucoup plus ambitieuse, à l’échelle de toute l’Europe.

Les Echos

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