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Par Nouriel Roubini

Travail ou émeute, l'un ou l'autre.

Tout laisse à penser que la récession est de retour, avec des marchés financiers soumis à un stress inconnu depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008. Les risques d’une crise économique et financière pire que la précédente – frappant cette fois-ci non seulement le secteur privé, mais également des États – sont considérables. Quels moyens peut-on mettre en oeuvre ?

Les mesures d’austérité ont des effets récessionnistes. Donc, si certains pays de la périphérie de la zone euro sont forcés d’appliquer une austérité budgétaire, les pays capables de mettre en oeuvre une relance sur le court terme doivent le faire et remettre à plus tard leurs propres mesures d’austérité. Ces pays sont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le coeur de la zone euro, et le Japon.

Le véritable risque est qu’une simple récession se transforme en une grande dépression à l’instar de celle de 1929, en particulier si la crise de la zone euro échappe à tout contrôle et débouche sur une débâcle financière mondiale.

Même si la politique monétaire n’a que des effets limités lorsque la crise est liée à l’excès de dettes et non pas à un manque de liquidités, un assouplissement du crédit, plutôt que le seul « quantitative easing », peut se révéler utile. La Banque centrale européenne doit revenir sur l’augmentation, peu judicieuse, de son taux directeur. La Réserve fédérale, les banques nationales du Japon, d’Angleterre et de Suisse doivent également assouplir les conditions du crédit.

Les banques sous-capitalisées de la zone euro doivent être soutenues par un financement public dans le cadre d’un programme appliqué dans l’ensemble de l’Union européenne. Pour éviter une nouvelle contraction du crédit pendant que les banques se désendettent, une tolérance à court terme concernant les exigences de capitaux et de liquidités doit être accordée aux banques.

Les pays solvables doivent pouvoir disposer de liquidités importantes pour éviter que les écarts de taux se creusent et que l’accès au marché se ferme, transformant un manque de liquidités en insolvabilité.

Aujourd’hui, l’Espagne et l’Italie courent le risque de perdre leur accès aux marchés. Les ressources publiques doivent être triplées – que ce soit par un Fonds européen de stabilité financière plus important, des obligations en euro, ou une action de grande ampleur de la BCE.

Même si la Grèce et d’autres pays de la périphérie de la zone euro bénéficient d’un allégement important de leur dette, il n’y aura pas de croissance sans rétablissement de la compétitivité. Et sans un retour rapide de la croissance, de nouveaux défauts de paiement – et de nouveaux troubles sociaux -sont inévitables. La seule solution est une sortie de la Grèce, et d’autres pays, de la zone euro. Seul le retour à une monnaie nationale – et une nette dévaluation de cette monnaie -sont en mesure de rétablir la compétitivité et la croissance. Même si cette solution comporte des risques.

Les dettes qui ne peuvent être résorbées par la croissance, l’épargne ou l’inflation doivent être restructurées de façon ordonnée.

Les économies avancées doivent définir un plan à moyen terme pour rétablir la compétitivité et les emplois au moyen d’investissements massifs dans l’éducation, la formation, et dans les infrastructures et les énergies renouvelables.

Les économies émergentes devraient assouplir leurs politiques monétaire et budgétaire. Le FMI et la Banque mondiale peuvent servir de prêteurs de dernier recours aux pays émergents qui risquent de perdre leur accès aux marchés, sous réserve de réformes adéquates. Et les pays, comme la Chine doivent accélérer le rythme des réformes, y compris par une appréciation de leur monnaie.

Les Échos

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