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Bruxelles dément l’existence d’un vaste plan de recapitalisation du secteur bancaire européen. Le calendrier défini à l’issue des tests de résistance de juillet reste inchangé, ajoute l’Autorité bancaire européenne.

Les banques européennes fragiles, selon les stress tests publiés en juillet 2011 (cliquer pour agrandir)

Il n’y a aucun plan de recapitalisation des banques prévu au niveau européen. La Commission européenne a démenti ce vendredi l’hypothèse d’une recapitalisation accélérée du secteur évoquée jeudi soir par le « Financial Times ». Elle estime que les établissements du continent sont bien plus solides qu’il y a trois ans.

Quelque 420 milliards d’euros de capital ont déjà été injectés dans les banques européennes depuis la crise financière de 2008 et cette recapitalisation se poursuit, a souligné un porte parole de la Commission lors d’une conférence de presse.

La question de la recapitalisation des banques européennes hante les marchés depuis plusieurs semaines, et notamment depuis l’intervention de Christine Lagarde, nouvelle directrice du FMI, qui a appelé fin août à une recapitalisation urgente du secteur bancaire européen.

Bâle III pousse de toute façon à un renforcement des fonds propres

A long terme, l’évolution est certaine : les banques européennes vont continuer à renforcer leurs fonds propres. L’entrée en vigueur progressive des règles de Bâle III, qui fixent un ratio de capital de base de 7 % (4,5 % auxquels s’ajoute un coussin de sécurité de 2,5 %), les y contraignent… à horizon 2019. Mais le marché semble vouloir aujourd’hui aller plus vite, et plusieurs établissements européens ont d’ores et déjà donné des indications sur leur calendrier, anticipant largement leur mise en conformité avec ces nouvelles exigences réglementaires. Ainsi BNP Paribas a annoncé la semaine dernière qu’elle serait conforme à ce nouveau ratio dès 2013.

Mais les appels à la recapitalisation se sont multipliés ces derniers jours, alimentant la pression sur les valeurs bancaires, déjà très malmenées en Bourse durant l’été et toujours affaiblies par des perspectives de croissance en berne. Jeudi 22 septembre, le « Financial Times » a encore enfoncé le clou en indiquant que l’Europe était prête à accélérer la recapitalisation des banques qui avaient passé de justesse les tests de résistance de juillet. Ces banques sont celles qui avaient fait état alors d’un ration de fonds propres durs supérieur aux 5 % exigés pour réussir les tests mais inférieurs à 6 %. Elles sont au nombre de 16.

Parmi ces 16 banques, l’italienne Banco Popolare a déclaré ne pas prévoir de levée de capital tandis que l’allemande HSH Nordbank indique que son ratio de core tier 1 serait aujourd’hui de 9,1 %, dans le scénario de stress retenu pour les tests suite à l’approbation de 20 septembre du plan de sauvetage de l’établissement. Une porte parole, citée par Bloomberg, ajoute qu’ainsi l’article du « Financial Times » est incorrect et qu’il ne lui a pas été demandé d’accélérer ses efforts pour renforcer ses réserves.

Le calendrier issu des stress tests reste inchangé

Ce vendredi, l’Autorité bancaire européenne (EBA) avait déjà indiqué que le calendrier prévu dans le cadre des stress tests restait inchangé. Pour l’autorité, qui a supervisé les tests de résistance de 90 banques de l’Union européenne, il n’y pas lieu « à ce stade » de modifier le calendrier de recapitalisation des établissements fragiles, en dépit d’appels à une accélération du processus.

« A ce stade, il n’y a pas de changement dans le calendrier qui avait été clairement déterminé dans les recommandations publiées en juillet » avec les résultats des tests de résistance, a affirmé à l’AFP une porte-parole du superviseur européen.

« L’EBA suit de près l’évolution de la situation sur les marchés », a-t-elle néanmoins indiqué, au moment où de nombreuses banques européennes sont dans la ligne de mire des investisseurs qui les estiment menacées par l’aggravation de la crise de la dette dans la zone euro.

Autrement dit, les huit établissements ayant échoué aux tests doivent présenter, avant la fin octobre, à leurs autorités de tutelle nationales les moyens qu’elles prévoient pour renforcer leurs fonds propres. Quant aux 16 établissements qui ont passé les tests avec un ratio de solvabilité à peine supérieur aux 5 % requis, ils doivent prendre des mesures spécifiques pour accroître leurs réserves mais ont toujours jusqu’au mois d’avril 2012 pour le faire. A noter que l’EBA avait ajouté un critère supplémentaire au seul ratio de solvabilité, en imposant ces mesures spécifiques aux établissements « au dessus mais proche du seuil de 5% et se trouvant exposés de manière significative au risque des dettes souveraines ».

Pour les analystes de Goldman Sachs, là n’est pas le problème des banques. « L’actuelle crise bancaire est un symptôme du scepticisme des marchés concernant le caractère soutenable des finances publiques européennes, écrivent-ils dans une note. Face à cela, les recapitalisations ne constituent pas une réponse ».

Les Echos

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