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Amine, franco-marocain, aime Sadio, franco-malienne. Dans leur cité, l’intolérance de leurs familles les oblige à cacher leur relation.

En fait, le jeune fonctionnaire franco-marocain, presque la trentaine, n’a rien à cacher, si ce n’est sa relation avec Sadio, de cinq ans sa cadette et Franco-Malienne. Un Arabe et une Noire amoureux. Pour leurs familles respectives, quelque chose d’impensable.

(…) « Je ne veux surtout pas dire que le racisme entre Arabes et Noirs est systématique. C’est absolument faux. Je dis juste que Sadio et moi, nous avons des familles très communautaristes et que notre cas n’est pas unique. »

(…) « Les Arabes et les Noirs vivent ensemble dans les blocs, s’apprécient. Mais la limite, c’est l’amitié. Un mariage, c’est niet. Chacun à sa place. » Une posture paradoxale qui, pour Amine, est beaucoup plus complexe que du racisme – un mot qu’il refuse d’ailleurs de prononcer.

(…) « Certains anciens de chez nous pensent que leur communauté vaut mieux que l’autre. Genre un Noir est mieux qu’un Arabe ou l’inverse, qu’un Algérien est mieux qu’un Marocain. Ils transmettent ça à leurs enfants. Ça va au-delà d’une religion ou d’une couleur de peau. »

(…) « Faut dire aussi que dans nos bleds, il y a certains préjugés. Au Maroc, l’Afrique noire renvoie parfois à des choses négatives. La pauvreté, la maladie et même, pour certains, l’esclavage. Même si tout le monde s’en fiche ici, ils ont peur de ce que la famille et les amis là-bas diraient. »

J’aborde la question des parents de Sadio. Il est un peu réticent à en parler. J’insiste. Il me raconte qu’il ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’eux non plus ne sont pas disposés à accepter un métissage.

« Elle lui a dit : “Pas de Sénégalais, pas de Congolais et encore moins d’Antillais. Un Malien, c’est tout.” Chrétien, juif, musulman mais un Malien. Si elle savait que sa fille était avec un Arabe… » raconte Amine.

Rue89

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