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Décryptage – A l’occasion de “Parole directe” sur TF1 avec Marine Le Pen jeudi, Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite en Europe, explique à TF1 News pourquoi la “normalisation” entamée par la fille du dirigeant historique ne permet pas encore au parti de sortir de sa famille d’origine.

Jean-Yves Camus est politologue, chercheur associé à l’Institut des relations internationales stratégiques (Iris) et spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe.

Si le FN venait à se normaliser complètement, il perdrait alors ce qui fait son attractivité pour la majorité de ses électeurs.

TF1 News : Marine Le Pen a récemment affirmé que le “Front national n’est pas un parti d’extrême droite”. Qu’est-ce qu’un parti d’extrême droite, comme on l’entend en Europe ?

Jean-Yves Camus : On s’accorde sur un noyau dur de quelques idées présentes dans tous les pays, quelle que soit la formation : le populisme et l’opposition aux élites, l’opposition à toute forme de supranationalité (cela peut être l’Union européenne ou l’Onu), la focalisation sur les thèmes de l’identité nationale et de l’immigration et enfin l’opposition au multiculturalisme, perçu comme une modification substantielle de l’identité européenne s’il concerne un autre continent ou un autre groupe supraculturel.
Il faut cependant remarquer que les partis européens d’extrême droite sont marqués par des conjonctions, des histoires et des traditions nationales très différentes. Par exemple, quand des ultranationalistes tchèques se retrouvent face à des ultranationalistes allemands, beaucoup de contentieux possibles remontent et il leur est impossible de s’entendre. Idem entre Serbes et Croates. Cela explique qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais de Front européen des formations d’extrême droite.[…]

TF1 News : La “normalisation” entamée par Marine Le Pen peut-elle faire glisser petit à petit le Front national de l’extrême droite vers la droite ?

J.-Y. C. : Oui, incontestablement. Avec cependant un gros bémol. Si le FN venait à se normaliser complètement, il perdrait alors ce qui fait son attractivité pour la majorité de ses électeurs. Ceux-ci le perçoivent comme un parti hors système opposé aux élites. Aujourd’hui, le FN se retrouve donc face à une double contrainte : trouver un accord avec la droite parlementaire (ce qui ne dépend pas de lui) mais sans devenir une formation comme les autres. Si Marine Le Pen s’exprimait comme l’UMP, personne n’aurait intérêt à voter pour elle. C’est d’ailleurs encore loin d’être le cas.[…]

TF1 News – 13/09/2011

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