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Pierre Jourde, écrivain, professeur d’université et critique littéraire dénonce la réforme de la licence et la volonté de donner un diplôme à tous les étudiants, quel qu’en soit le prix.

Personnellement, en tant qu’universitaire, j’estime que la coupe à n’importe quoi est pleine et que, cette fois, on se paie ma tête ouvertement.

Dans ma précédente chronique, j’évoquais le droit imprescriptible au baccalauréat, et bientôt à la licence. Je ne croyais pas si bien dire ! Avec la nouvelle réforme, qui vient d’être imposée par le ministre Laurent Wauquiez et l’UNEF contre les syndicats enseignants unanimes, la licence est pour tout le monde. L’idée généreuse qui préside à cette réforme est que tout le monde devrait avoir un diplôme. Certes. Mais cette formule est susceptible de deux interprétations.

Soit on comprend qu’il s’agit de faire en sorte de donner à tout le monde un niveau honnête justifiant l’obtention d’un diplôme. Soit on comprend qu’il s’agit de bidouiller les diplômes de manière à ce que tout le monde les obtienne, quel que soit son niveau, son travail et son savoir.

Depuis des années, c’est la seconde solution qui est adoptée, en laissant croire, bien entendu, que c’est la même chose que la première. Mais cette fois-ci, on dépasse tout. Le mur de la démagogie et de la connerie réunies vient d’être allègrement enfoncé par le ministre et l’UNEF. […]

Voilà une réforme adoptée par un ministre de droite et un syndicat paraît-il de gauche. Inutile de dire que si la droite s’est efficacement employée, depuis l’élection de Sarkozy, à démolir l’université, il n’y a aucun recours à attendre de la gauche sur ce sujet. […] On me demande de présider à une pure mascarade, de faire semblant d’enseigner pour faire semblant de délivrer des diplômes ayant un contenu, alors qu’il ne s’agit que de faire du chiffre. […]

Le Nouvel Obs

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