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La Banque centrale européenne a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012. L’incertitude planant sur l’économie est «énorme», prévient son président Jean-Claude Trichet.

L’horizon de l’économie mondiale s’assombrit. La Banque centrale européenne (BCE) a revu à la baisse  jeudi ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012, prévenant que le niveau d’incertitude est extrêmement élevé. La gardienne de la monnaie unique s’attend à une croissance de 1,6% en 2011 et de 1,3% en 2012 dans la zone euro, contre respectivement 1,9% et 1,7% prévu auparavant.

Pour Jean-Claude Trichet, président de la BCE: «il existe un niveau énorme d’incertitude au niveau mondial». Le risque est donc désormais que les prévisions de la BCE soient trop optimistes, a-t-il sous-entendu. Et ce, à cause des effets négatifs de la crise sur les marchés financiers observés cet été et de la crise de la dette en zone euro notamment.

Après un bon début d’année, la croissance «sera très modérée en fin d’année», a prévenu le président de la BCE. La consommation pourrait faire défaut. «Contrairement à ces derniers mois, la BCE n’estime plus que la confiance des consommateurs et des entrepreneurs soutiendra la demande intérieure», observe Ken Wattret, chef économiste zone euro chez BNP Paribas. En début de matinée, la Banque de France a publié des perspectives de croissance pour l’Hexagone revues également à la baisse pour le troisième trimestre (0,1% au lieu de 0,2% précédemment).

Concernant l’inflation, la BCE n’a pas touché à ses projections. Elle table toujours sur 2,6% de hausse des prix en 2011 et de 1,7% en 2012. Alors que la garante de la stabilité des prix en zone euro estimait il y a encore quelques mois que l’inflation était sous pression, elle a reconnu qu’aujourd’hui les risques étaient «équilibrés». Un mot de code signifiant qu’elle ne s’attendait pas à une accélération de la hausse des prix ces prochains mois. Elle a en conséquence laissé inchangés ses taux d’intérêt directeurs, instruments qu’elle augmente lorsqu’elle estime que l’inflation accélère.

Malgré ce ton plus alarmiste concernant le contexte économique, «nous ne pensons pas que la BCE abaissera ses taux de sitôt», estime Cédric Thellier, économiste chez Natixis. «Nous tablons plutôt sur un long status quo accompagnant une croissance amorphe et une inflation faiblissante.»


Le coup de sang de Trichet contre les États

Interpellé par un journaliste relayant des critiques allemandes contre le manque supposé d’indépendance de la BCE prévue dans les traités européens, Jean-Claude Trichet a perdu quelque peu de son sang froid. «Nous faisons notre job, qui n’est pas facile», a-t-il martelé. «Notre mission est de garantir la stabilité des prix, ce que nous avons réalisé de façon impeccable. J’aimerais bien entendre les félicitations pour ce travail aujourd’hui!», s’est-il exclamé.

Certains observateurs allemands, très attachés à l’orthodoxie monétaire, condamnent le rachat d’obligations d’État par la BCE. «Si nous avons dû mettre en place ce programme, c’est parce que les États n’ont pas agi correctement. Il n’ont pas exercé suffisamment la surveillance qu’ils auraient dû. Rappelez-vous: en 2004 et 2005, certains gouvernements -la France, l’Allemagne et l’Italie, pour ne pas les nommer- réclamaient l’assouplissement de leurs obligations» de déficit, a-t-il accusé. «Nous avons toujours demandé au contraire le respect total des critères de déficit. Mais nous avons prêché dans le désert.»

Dans ce contexte, Jean-Claude Trichet a rappelé, au nom de la BCE, l’extrême urgence pour les États d’appliquer les mesures prises pour rétablir l’équilibre des finances publiques. «Les gouvernements doivent être prêts à couper dans les dépenses si les objectifs ne sont pas atteints», a-t-il indiqué. Il a également appelé à la dérégulation des métiers réglementés.

Le Figaro

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