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Les grands pays d’Europe centrale, Pologne, Hongrie et République tchèque, ont traversé sans trop de dégâts la crise de la dette qui ébranle depuis des mois la zone euro, en réussissant à conjuguer stabilité économique et rendements intéressants pour les investisseurs.

La dette de ces trois pays, dont aucun n’a adopté la monnaie unique, est désormais bien mieux valorisée que celle de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal, membres de la zone euro et aux économies supposées plus solides.

Les investisseurs se sont reportés sur les obligations de ces pays », qui présentent une perspective de rendement importante sans être dans la ligne de mire des spéculateurs, souligne Juan-Carlos Rodado, économiste chez Natixis.

Ces pays ont vu leur taux d’emprunt sur les marchés obligataires tenir bon. Actuellement, le taux à 10 ans de la Pologne se situe à 5,6%, celui de la République tchèque à 3,1% et celui de la Hongrie à 7,4%, des niveaux sensiblement les mêmes qu’au printemps 2010, au moment du premier plan d’aide grec.

Il faut dire qu’ils avaient été touchés durement par la crise financière fin 2008, la Hongrie ayant même dû faire appel au Fonds monétaire international (FMI) face à la chute de sa monnaie.

Reste que ces pays ont rapidement remonté la pente, bénéficiant de solides fondamentaux et d’une économie relativement saine. En tant qu’États membres de l’Union européenne, ils “doivent beaucoup aux fonds de cohésion européens qui représentent quelque chose de très important pour leur Produit intérieur brut », rappelle Peter Pavlov, gérant chez OFI AM.

Par ailleurs, pendant la crise, “le fait d’avoir une monnaie plus faible que l’euro a permis de soutenir les exportations et l’économie », explique Ronald Schneider, gérant chez Raiffeisen Capital Management.

Résultat: au moment où éclate la crise de la dette en 2010, “ils partent d’un niveau de dette bien inférieur à des pays comme la Grèce », observe Adrian Pankiw, stratégiste chez Henderson Global Investors.

En 2010, le ratio de dette sur PIB s’établissait à 53% pour la Pologne, 78% pour la Hongrie et 43% pour la République tchèque. “La République tchèque est le triple A de l’Europe de l’Est », s’enthousiasme M. Rodado, même si le pays est, dans les faits, noté quelques crans en dessous de cette note optimale par les agences de notation.

Pour les trois pays en question, “le dynamisme de l’Allemagne a été un facteur de soutien très important », explique M. Schneider, d’autant qu’un tiers de leurs exportations est destiné au marché allemand. Tous ne présentent pas pour autant le même risque aux yeux des investisseurs, comme l’indique le prix de l’assurance contre le risque de faillite du pays.

Les CDS (Credit Default Swaps) étaient relativement bas vendredi pour la République Tchèque, à 117 points de base, et la Pologne, à 235, mais plus élevés pour la Hongrie, pays le plus fragile des trois, à 437. Ceux de la France se situent à titre de comparaison à 165.

Ces États sont par ailleurs exposés au risque de change entre leur monnaie et les devises étrangères très utilisées pour le financement de leurs économies, comme le franc suisse qui s’est envolé récemment. Si leur dette publique est surtout absorbée par le marché national (environ 75%), le danger réside dans la dette privée, qui serait difficilement soutenable en cas de chute de la monnaie locale. En particulier, une grande partie des prêts immobiliers de ces pays est libellée en devises étrangères, en francs suisses notamment.

Le Parisien

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