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Reportage M6

Une grappe de tours Eiffel dans la main droite, un sac-poubelle dans la main gauche et un chapeau parapluie sur la tête… […] Selon la Préfecture de Police de Paris, ils seraient, chaque jour, du Champ-de-Mars à l’esplanade du Trocadéro, entre 150 et 300. Principalement originaires du Sénégal, mais aussi du Gabon ou d’Inde, ces hommes travaillent pour des réseaux organisés sévissant de la tour Eiffel au château de Versailles, et qui se montrent parfois extrêmement offensifs envers les touristes.

[…] depuis l’entrée en vigueur de la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, le 14 mars dernier, 2.200 vendeurs à la sauvette ont été interpellés. Pourtant, l’intervention des forces de l’ordre semble vaine. Le nombre des vendeurs serait en constante augmentation, au grand dam des commerçants.

” On a perdu 70 à 80 % de chiffre d’affaires ”
« C’est un problème qui dure depuis des années », déplore Stéphane (*), 28 ans. […] Tous les jours, une vingtaine d’entre eux se placent devant sa boutique pour alpaguer les touristes. « Ils importunent les visiteurs et les forcent à acheter. Ils menacent et insultent les commerçants qui leur disent de partir. Ils sont parfois violents. Un collègue travaillant au Trocadéro a récemment été blessé à la tête par l’un d’entre eux. Malheureusement, leur nombre a considérablement augmenté depuis trois ans. »

[…] Eux cachent tout dans les bouches d’égout. Ils ne vendent pas la même marchandise, elle est de moins bonne qualité. Surtout, ils travaillent au noir tandis que la société qui m’emploie paie des taxes, des impôts, un loyer, des salaires.[…] […] Les articles sont achetés en gros dans les commerces asiatiques de la rue du Temple, à Paris, d’Aubervilliers ou de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). […]

Réseaux organisés
[…] On ne sait pas exactement combien ça leur rapporte », soupire Thierry Franck, du syndicat de police Alliance. « Il y en a toujours eu. Mais depuis quelques semaines ils sont de plus en plus nombreux et, comme ils partagent le même marché, ils sont de plus en plus virulents. Des bagarres éclatent régulièrement entre eux. Les Africains sont tellement violents qu’ils ont empêché les Roms de s’installer et ont repoussé les Indiens plus loin. »[…]

Des contrôles qui dégénèrent
En février dernier, la loi s’est pourtant durcie. La vente à la sauvette a été requalifiée comme un délit passible d’une peine de prison de six mois et de 3.750 € d’amende. […] Pourchassés, les vendeurs à la sauvette s’en prennent de plus en plus souvent aux policiers. « Les contrôles dégénèrent régulièrement. Quand on en attrape un, il hurle et donne l’alerte. Une quarantaine d’entre eux encerclent les policiers qui ne sont que deux ou trois. Ils se servent des tours Eiffel qu’ils vendent pour frapper nos collègues. Une fois, un vélo de la police a même été jeté dans la Seine », relate Thierry Franck.

Thierry Bailly, directeur du groupe Défis, spécialisé dans la vente d’objets souvenirs ayant pour thème la France et Paris, dénonce « une police amorphe », dépassée par la situation. « Les policiers ne font que les éloigner. Les arrestations sont rares. La nouvelle loi n’a eu aucun impact. Avant, on nous disait “Il n’y a pas de loi”. Maintenant, on nous dit “C’est trop compliqué”. Chaque année, nous disons que ça devient de plus en plus dangereux pour les touristes. » Selon Thierry Franck, le problème ne vient pas des forces de l’ordre mais des magistrats. « Les policiers font leur travail en les arrêtant. Le problème, c’est que la justice ne donne pas souvent suite. Sur 500 personnes arrêtées et envoyées dans un centre de rétention administratif, il n’y a qu’une seule reconduite à la frontière. Du coup, les policiers du VIIe arrondissement interpellent les mêmes personnes tous les jours. »

France Soir

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