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Les obligations d’Etat des grands pays industrialisés, qui ont connu une nette décrue de leur rendement, intègrent un scénario conjoncturel noir.

La chute des rendements des obligations d’Etat des grands pays développés, qui s’est accélérée depuis le début de l’été, traduit les mêmes craintes que le déclin prononcé des Bourses : les marchés s’acheminent inexorablement vers des temps difficiles de croissance molle, voire de récession. Outre-Atlantique, la baisse des taux d’intérêt à long terme s’est accentuée depuis que la Réserve fédérale (Fed) s’est engagée à maintenir ses taux courts à zéro jusqu’à la mi-2013, une décision qui avait été prise pour tenter d’enrayer la crise de confiance qui s’est emparée des marchés.

La baisse du rendement de l’obligation d’Etat américaine (Tbond) à 10 ans jeudi sous les 2 % à 1,97 %, à un plus bas depuis Harry Truman, a sonné comme un nouvel avertissement sur la gravité de la situation. Il est aujourd’hui à 2,062 %, alors qu’il était encore supérieur à 3 % il y a trois mois, un signe de la vitesse de la dégradation de l’environnement économique. Et il est désormais bien plus bas que sa moyenne de très long terme (1900-2009), estimée à 5 %, selon le « Credit suisse Yearbook ».

Si comme certains le redoutent, les Etats-Unis s’acheminent vers un scénario à la japonaise, en référence à la période de marasme économique persistante qu’a connu l’Archipel, le rendement du T-bond à 10 ans pourrait encore baisser. Le taux à 10 ans japonais est aujourd’hui inférieur à 1 %, à 0,97 %.

Retour à la moyenne

Or, sur les marchés obligataires, les forces de rappel sont lâches et défaillantes : les obligations d’Etat peuvent rester très longtemps et très loin de leur niveau d’équilibre de long terme (« Les Echos » du 18 avril 2011). Le fameux « retour à la moyenne » n’est pas mécanique. Avec une telle baisse « naturelle » et spontanée du T-bond, est-il encore besoin d’envisager un nouveau programme d’assouplissement quantitatif (QE3) ? C’est une des interrogations des marchés, alors même que la Fed continue d’acheter des T-bonds sur le marché dans le cadre du réinvestissement du principal de certains de ses titres (agences gouvernementales).

En Europe, la baisse des taux d’intérêt s’est concentrée jusqu’ici sur les pays jugés les plus sains et les moins risqués. Le rendement du Bund allemand à 10 ans, qui évoluait au-dessus de 3 % fin juin, n’est plus aujourd’hui que de 2,105 %. La baisse a été sur la même période de 3,50 % à 2,758 % pour son homologue française, l’OAT à 10 ans. Le rendement nominal de très long terme (1900-2009) des obligations d’Etat allemande et française est respectivement de 2,7 % et 7 %.

Les Echos

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