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Face à la menace d’un défaut de paiement, l’US Postal Service va entamer avec les syndicats des négociations sur un plan de réduction de 20 % de ses effectifs d’ici à 2015. Soit 120.000 suppressions de postes.

Bureau de poste de Winthrop, Etat de Washington, remontant à l'époque du Pony Express

Après les négociations sur le plafond de la dette fédérale, c’est au tour de la Poste américaine de tout faire pour éviter un défaut de paiement. Selon des documents internes récemment révélés par le « Washington Post », l’US Postal Service (USPS) envisage de sacrifier 20 % de ses effectifs, soit 120.000 postes, d’ici à 2015, en vue d’éviter une cessation de paiements dès septembre. Avec les départs à la retraite et les départs volontaires, le nombre total des réductions d’effectifs s’élèverait même à 220.000 postes sur un effectif global de 560.000 employés. Encore soumis à l’approbation du Congrès, ce plan est à la hauteur des difficultés financières. Les pertes cumulées se sont élevées à 20 milliards de dollars sur quatre ans (dont 8,5 milliards de dollars sur l’exercice 2010).

« Le Postal Service est confronté à de terribles conditions économiques qui menacent son existence même. Si nous étions une entreprise du secteur privé, nous nous serions déjà rangés sous le régime des faillites pour renégocier nos accords collectifs en fonction de la nouvelle réalité financière », explique le document cité par le « Washington Post ». De fait, compte tenu d’une perte nette de 5,7 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de son exercice fiscal, USPS a déjà indiqué qu’il se retrouverait dans l’incapacité de procéder au financement de 5,5 milliards de dollars de ses obligations pour la protection sociale de ses salariés. En guise de mesure d’urgence, le vénérable service fondé en 1775 par Benjamin Franklin a déjà annoncé en juillet son intention de fermer 3.700 bureaux (soit environ 10 %), en ayant recours à des sous-traitants locaux. Première Poste occidentale en termes de réseau, le Postal Service a déjà fermé plus de 3.000 bureaux depuis 1970.

Parallèlement, la direction d’USPS entend se retirer du Federal Employees Health Benefits Program afin de reprendre la gestion directe de la couverture sociale ainsi que des plans de retraite de ses 480.000 retraités à un moindre coût. « La crise financière impose des mesures drastiques. Nous serons insolvables le mois prochain en raison du déclin significatif du volume du courrier et des coûts de financement de la couverture santé de nos retraités imposés par le Congrès », indique la direction dans une note aux salariés.

Menace d’asphyxie

Confrontée à un déficit chronique depuis plusieurs années, la Poste américaine a déjà réduit ses effectifs de 110.000 postes depuis 2007. Pour mettre en oeuvre ces nouvelles mesures, ses dirigeants ont, cette fois-ci, adressé au Congrès une demande exceptionnelle visant à mettre fin au régime de protection contre le licenciement dans les accords collectifs. Faute d’obtenir ces aménagements, le Postmaster General, Patrick Donahoe a déjà indiqué qu’il serait contraint de demander au Congrès un relèvement du plafond de la dette de l’agence aujourd’hui fixé à 15 milliards de dollars et qui sera atteint le 30 septembre.

Menacé d’asphyxie, USPS cherche à obtenir du Congrès davantage de flexibilité. L’annonce de son mégaplan d’économies risque néanmoins d’être politiquement sensible au moment où Barack Obama cherche de nouvelles mesures pour relancer l’emploi. Les négociations avec les syndicats doivent démarrer cette semaine. Mais le puissant Apwu (American Postal Workers Union) a déjà prévenu qu’il s’opposerait « avec véhémence » à toute remise en cause du contrat collectif.

Les Échos

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