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Son avocat n’a pas pu venir. Qu’à cela ne tienne, Hassan veut en finir. De toute façon, il n’y a même pas d’avocat de permanence. Interpellé l’hiver dernier, chemin de Saint-Marthe pour refus d’obtempérer, refus d’alcootest et conduite sans permis et en état d’ivresse manifeste, le prévenu, qui purge 4 ans ferme pour escroquerie, jure ses grands dieux qu’il n’était pourtant pas bourré. « C’est du faux tout ça ! Je suis tombé sur des cow-boys ! Mon petit à l’arrière, il était traumatisé ! », gigote le lascar de 47 ans au casier chargé à bloc. «

Y a 16 condamnations ! Je peux pas tout lire, ça commence en 1988… », grimace la juge à la voix pointue. « Vous allez croire leurs mensonges ?! Y a des manières d’arrêter les gens, eux qui m’ont tabassé. C’est fatiguant car c’est moi qui vais me manger les années ! », s’agite le détenu tenu en respect dans le box par trois gendarmes et deux policiers. Il écope de 6 mois ferme et d’une curieuse annulation d’un permis annulé depuis belle lurette.

« Un recours en grâce, vous savez un arrangement »

Celui-là comparait pour le recel d’un extincteur de la RTM acheté 10 euros, porte d’Aix. « Je savais pas qu’il était volé. Rue d’Aix, c’est le marché pour ceux qui ont pas les moyens. Tout le monde y va », minaude Momo, 50 ans. « Non, moi j’y vais pas ! », le fait taire la magistrate. La vieille affaire était venue en « composition pénale » en 2008. 1 000 euros d’amende à payer en trois fois. Bien sûr, il n’a rien réglé. D’où sa venue ici au creux de l’été. « J’ai demandé un recours en grâce, vous savez, un arrangement… Après j’ai eu l’hospitalisation du cœur et de la vésicule… J’achète un extincteur et je me retrouve devant un tribunal, ça me tue ! », clame le cardiaque qui dévoile un casier à 20 mentions depuis 1980.
« Il est aussi très malade de la tête », susurre l’avocate. Il est condamné au choix, à payer les 1 000 euros d’amende ou bien à faire 100 jours de cachot. « On me tue ! », s’écrie le bougre comme sorti de l’Avare de Molière.

« C’est vrai, j’ai montré mes fesses ! »

Avec Fethi, le tribunal prend des airs de succursale d’asile psychiatrique. 45 ans, gros alcoolique, toxicomane sous subutex. L’Aubagnais a battu sa mère âgée de 76 ans. Violences sur ascendant. « Je sors de l’hôpital car j’ai touché à la poudre. Je vis sur le RSA, j’ai fait la demande d’AH. » Sa mère est là. Piéta digne et fatiguée. A son retour de cuite, il s’est mis tout nu dans le salon, l’a tirée par les cheveux, l’a jetée par terre, l’a menacée de mort. 4 jours d’arrêt de travail. « Comme ça chauffait, je suis partie marcher dans le quartier le temps qu’il se calme. Quand je suis rentrée, il m’a insultée, m’a craché au visage, moi sa mère qui lui a donné le sein… Le père a abandonné les onze enfants, ils ont grandi dans la misère. Je le reprends à condition qu’il reste calme. Des dommages intérêts ? Jamais de la vie ! » Ensuqué par les cachetons, le gros bonhomme tortille à la barre : « Y a du vrai et y a du faux… Y a violence et violence… C’est vrai, dans la pression où j’étais, j’ai montré mes fesses ! » Son repentir n’est que fugitif : « D’en arriver à ce point, j’en ai honte. Je vois pas le bout du tunnel » car Fethi se vautre à nouveau dans le déni : « C’était pas des violences, j’essayais de contrôler ses gestes… En fait, c’est l’alcool et la dépression. » Il est condamné à 6 mois de prison avec sursis. Il repart pour une seconde cure de désintoxication. La vieille dame s’en va, avec sa peur de représailles.

La Marseillaise

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