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Extrait de L’Afrique Réelle n°19 (juillet 2011)

– Spécial Afrique du Sud un an après le Mondial –

L’échec de la politique sociale de l’ANC est d’autant plus grave que l’Afrique du Sud a, depuis 1994, fait de la correction des inégalités sa priorité. C’est ainsi que la « Ségrégation Positive » ou « Discrimination à l’envers » a remplacé le mérite ou la compétence par la préférence raciale ou communautaire dans les recrutements professionnels, dans l’obtention de contrats publics, dans les grands choix politiques, administratifs, sociaux, etc., au bénéfice des groupes raciaux ou des communautés dits « historiquement désavantagés ».

En raison de la mention « AA » (Affirmative Action) sur les annonces de recrutement, les Blancs sont écartés de l’emploi et les plus diplômés d’entre eux continuent donc à quitter le pays.

La réglementation du travail qui est déjà très contraignante et qui décourage l’embauche et la croissance risque encore d’être alourdie par la mise en place d’une législation raciale, l’Employment Equity Act (EAA), qui oblige les employeurs à classifier leurs employés selon les catégories : African, White, Coloured, Indian, l’objectif étant que la proportion de chaque groupe reflète la composition démographique du pays pris dans son ensemble.

Résultat : nous assistons aujourd’hui à « (…) lente partition du pays » qui a pour conséquence : « une redistribution spatiale de la population blanche et l’apparition de déséquilibres entre les zones côtières (le nouveau pays des Blancs) et l’intérieur (le pays des Noirs). Aux villes assiégées par la masse montante des Noirs pauvres, dont certains viennent des pays voisins, s’opposent deux formes d’émigration blanche. Il s’agit d’abord du repli sur les côtes et en particulier sur la province du Cap Occidental, puis de l’émigration en direction de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Irlande ou du Canada. » Achille Mbembe, Le Monde Diplomatique, juin 2009, p.12.

Cette mesure de l’EAA est à la fois absurde et inapplicable puisque le pays est immense et que sa composition ethno-raciale varie considérablement d’une région à une autre. Un exemple, dans la région du Cap ou les Coloured (métis) représentent plus de 50% de la population et dans certaines zones jusqu’à 95%, les entreprises locales devraient ne pas en employer plus de 8%, leur proportion au niveau de la population de l’ensemble du pays. Il en est de même pour les Blancs qui vont ainsi se trouver en surnombre et qui seront donc poussés à émigrer. Si ce décret loi était effectivement appliqué, et il risque de l’être avec l’approche des élections présidentielles, de nombreux industriels risqueraient de mettre la clef sous la porte, accélérant encore la courbe du chômage.

Durant ses deux mandats, le président Mbeki avait déjà amplifié la politique de l’Affirmative Action dont le but était de « réparer les injustices passées » par un système de quotas afin de procéder à un rééquilibrage politique et socio-économique en faveur des groupes raciaux ou des communautés concernées. Mais la mesure qui est aujourd’hui décidée est digne du « Père Ubu ». D’autant plus que toutes les études ont montré, chiffres à l’appui que l’Affirmative Action est largement responsable de la situation économique actuelle. […]

Suite de l’article de Bernard Lugan dans  L’Afrique Réelle (revue mensuelle par Internet)

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