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La montée du Front national dans les sondages réactive le débat sur la proportionnelle aux législatives.

Le député-type aujourd’hui est un homme, blanc, de plus de 55 ans, cumulard, et qui a fait de la politique toute sa vie. (Olivier Ferrand)

Marie-Françoise Bechtel, vice-présidente de la Fondation Res Publica :

La question majeure, en ce moment marquée par le haut niveau du Front national, est celle du lien entre le mode de scrutin et l’état de l’opinion. Car l’audience du Front national ne doit pas faire oublier l’existence de partis situés hors des deux grandes structures que sont le PS et l’UMP. On voit bien que le rapprochement des deux grands partis sur les thèmes majeurs de l’Europe ou de la mondialisation frustre l’opinion dans l’expression de sa volonté de politiques différentes. A ce titre, le referendum de 2005 est un modèle du genre : qu’est- ce-que le referendum si ce n’est une gigantesque photo du corps électoral, une sorte de proportionnelle absolue ? De plus, cette montée est elle-même largement due à l’effacement des clivages gauche-droite. […]

Reconstituer, avec la proportionnelle, une «respiration» pour l’électeur peut le conduire aussi à des choix contestant l’«établissement» : choix centriste, choix républicain, choix «à gauche de la gauche» qui libérerait peut-être l’opinion de la préemption par le FN de cet espace. C’est une possibilité qui ne manque pas d’attrait. Mais on aurait tort d’en sous-estimer les dangers. […]

Le Monde

Olivier Ferrand, président de Terra Nova :

A droite, le Front national est en pleine ascension : 11% aux régionales, 15% aux cantonales, et Marine Le Pen est annoncée autour de 20% à la présidentielle. Avec de tels scores, il est difficilement concevable, en termes de légitimité démocratique, que ces partis ne soient pas représentés, ou massivement sous-représentés, à l’Assemblée.

Le scrutin majoritaire uninominal pose aussi un problème d’écrasement sociologique.[…] L’homogénéité élective est extrême. C’est vrai pour le genre : l’Assemblée nationale ne compte que 18% de femmes, ce qui place la France au 58e rang mondial, très loin derrière la Suède (47%) ou la Finlande (38%). L’origine sociale : 6% des députés sont issus des classes populaires, alors qu’elles représentent 53% de la population française (employés et ouvriers). L’âge : 52% des Français ont moins de quarante ans, seulement 2% des députés. Quant à la diversité, l’absence de représentation est quasi-totale : l’Assemblée ne compte qu’une seule députée noire métropolitaine (George-Pau Langevin), et aucun député beur. […]

Le Monde

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