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Trois élèves du lycée de Confolens ont porté plainte contre Alain Camus, leur professeur de philosophie, estimant qu’il les a bousculés lors d’une altercation en cours. Choqué par ces affirmations, le professeur répond. CL publie l’intégralité de son courrier.CL publie l’intégralité de son courrier.

Rappelons d’abord une évidence: l’élève, c’est l’être qui s’élève. C’est de là que vient le mot. Et sauf à vider tous les mots de leurs sens, pour s’élever, il faut faire un effort. Que dire d’un individu qui ne fait rien, qui s’en vante, et qui de surcroît prend un malin plaisir à saccager le travail de l’enseignant pour retarder l’avancée du programme?

Nous sommes à deux mois du bac: qu’est-ce que je peux dire au véritable élève s’il tombe sur un sujet que nous n’avons pas pu traiter pendant l’année, tout ça parce que l’individu en question perturbe l’avancée des cours depuis sept mois? Que cette personne a le statut d’élève sans en avoir la stature. Certes, il vaut mieux qu’il soit dans une salle de cours plutôt que dans la rue. Mais, moralement parlant peut-on tolérer une mise en péril de la scolarité de la plupart pour le confort d’un seul? N’y a-t-il pas là une sorte d’injustice? Je suis désolé, mais ce sont des vraies questions.

Et puisque cet individu a le projet de travailler dans l’humanitaire, ça tombe très bien: qu’il aille dans un pays très pauvre. Il y prendra une vraie leçon d’humanité; celle qu’il n’a pas voulu prendre à l’école. Il y verra des adolescents qui rêvent d’étudier et de réussir, mais qui ne pourront jamais, parce que ce que la France offre aux jeunes n’existe pas dans leur pays. Combien y a-t-il d’enfants et d’adolescents dans le monde qui rêvent de pouvoir faire des études, c’est-à-dire finalement, d’être à la place de ce cancre? Un million? Deux millions? Cent millions? Je dis et je soutiens mordicus que le comportement perturbateur de cet individu en devient cent millions de fois plus immoral.[…]

Qui avec de tels résultats oserait dire que je suis mauvais? Qui le dit doit prouver qu’il est meilleur que moi. Mais avec ce cancre, me voilà pris entre le marteau et l’enclume: il faut faire du chiffre, mais il ne faut pas faire de vague; il faut faire réussir, mais on ne peut pas faire travailler; il faut gagner alors qu’avec lui, tout est déjà perdu. Que faire? Demande-t-on à un médecin d’avoir une obligation de résultats face à un malade en fin de vie?[…]

Ainsi, la colère que j’ai effectivement piquée en cours mercredi 13 avril 2011, tout en étant l’expression de cette double contrainte qui fait violence à bien des enseignants, ne fait que révéler une tout autre violence sourde et très sournoise, insidieuse et silencieuse, lancinante et permanente, mais dont on est bien forcé de parler puisqu’elle s’exerce en même temps sur tous les vrais élèves. Oui: le bavardage continuel est une violence silencieuse.[…]

La Charente Libre

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