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Elisée Lacascade professeur au «collège provisoire», baptisé Rosa-Bonheur, qui accueille près de 300 élèves, dont 90 % sont d’origine comorienne, témoigne de son expérience. La communauté comorienne de Marseille est forte de 80 000 personnes.

Rien ne se passe jamais comme prévu dans ce collège : conversations en swahili pendant les cours, concurrence acharnée entre les Maghrébins et les Africains, mépris des Mahorais pour les Anjouanais (restés Comoriens), mères en larmes le jour de la réunion parents-professeurs, pères en colère prêts à en découdre…

Ils s’appellent Djadawi, Toiharati, Moinecha, Toifilou… Ils ont entre 12 et 15 ans et fréquentent le même collège, au coeur d’une cité comorienne des quartiers nord de Marseille. «Français de papiers» mais Mahorais de coeur, comme ils aiment à se définir, souvent arrivés depuis peu à Marseille, ils ont du mal à se couler dans le moule scolaire de la métropole.

A l’heure où Mayotte est devenu le 101e département français, Quartiers nord-Comores, le “carnet de voyage” d’un professeur de lettres classiques dans un collège marseillais, nous présente quelques-uns des 80 000 Comoriens de Marseille. Une communauté méconnue, et dont on n’entend parler qu’à l’occasion de faits divers tragiques. Spécialité marseillaise, le «regroupement ethnique» opéré dans les cités entraîne la ghettoïsation des lycées, et la suppression de la carte scolaire ne fait qu’accentuer le phénomène. […]

Au fil des mois, ces voix prennent corps, on s’y attache, et l’on oublie un peu la situation professionnelle ubuesque de l’enseignante pour partager la richesse de l’expérience humaine.

Reste pourtant un constat alarmant sur l’incapacité de l’éducation nationale à proposer des solutions innovantes dans ces établissements qu’elle a récemment labellisés «ambition réussite». Aux certitudes des pédagogues professionnels, Elisée Lacascade oppose le doute et les questionnements d’une femme de terrain : comment respecter les programmes officiels dans un tel contexte ? Comment former au mieux les bons élèves tout en devant alphabétiser leurs voisins dans une même classe ?

Le Monde

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