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André Pozzi, candidat du Front national à Saint-Priest (Rhône), 40 000 habitants, a recueilli 32,3 % des voix. Dix points de plus que le score réalisé par son parti lors des élections cantonales de 2004. Dans cette commune ouvrière ancrée à gauche, les habitants reconnaissent un glissement en faveur des idées du Front national. Les langues se délient.

«À ce niveau, le FN devient un parti comme un autre, inutile de le caricaturer, mieux vaut essayer de le comprendre», réagit Mariette, retraitée de l’enseignement, qui donnera dimanche 27 mars sa voix à la candidate socialiste, arrivée en seconde position avec 26,1 % des suffrages, loin devant la représentante UMP (13,8 %).

Petit bout de femme portant son cabas à bout de bras, Colette, «militante de gauche», a beau clamer que «cette poussée de fièvre lui fait honte», elle dit elle aussi «comprendre» la progression des idées du Front national. D’ailleurs, les électeurs du parti d’extrême droite ne cachent plus systématiquement leur choix. C’est le cas de Nadine, 49 ans. Elle qui a «toujours voté» n’a pas manqué de le faire dimanche. «Pour le Front national.»

Un vote «de protestation», commence-t-elle par se défendre. Avant de concéder que «la colère» de son premier vote FN, en 2002, s’est muée en une «adhésion» à des «valeurs». Lesquelles ? «Le respect et la nation.» Mais ce sont bien les thématiques de l’insécurité et de l’immigration qui ont motivé son choix, un choix qu’elle est prête à défendre. «Des tabous sont tombés, il est plus facile d’en parler qu’il y a dix ans, poursuit-elle. Les médias et les hommes politiques ne masquent plus les vrais débats de société. Et Marine Le Pen est invitée à la télé. Cela délie les langues.» […]

Mohamed, un jeune Algérien, titulaire d’une carte de résident de dix ans, n’est pas surpris de ce vote : «Le matin, quand tu te réveilles et que ta voiture a brûlé, tu ne te demandes pas si tu es d’origine étrangère ou non avant de t’énerver, poursuit-il. Ici, l’insécurité et les incivilités concernent tout le monde. Et les gens qui profitent du système, personne n’aime. Vous n’imaginez pas le nombre de Maghrébins qui votent Front national. Et de plus en plus. Mais ils n’en parleront jamais autour d’eux.»

La Croix

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