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La Grèce est passée par les fourches caudines du Fonds de Stabilisation Financier et du FMI en mai 2010, l’Irlande, en novembre 2010 et le Portugal en …mars 2011 ( ?) José Socrates, Premier Ministre du Portugal s’est rendu hier à Berlin pour discuter avec Mme Merkel, la femme politique la plus puissante d’Europe, des modalités de son prochain « bail out » par le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) et du FMI.

En effet, la situation financière du Portugal est grave, les marchés n’ont plus confiance dans la dette portugaise et considèrent ce pays comme le futur domino qui va tomber dans le club des pays non solvables de la zone euro.

Qui va acheter des bons du Trésor quand la BCE va arrêter de prêter au Gouvernement portugais ? Les investisseurs étrangers ont demandé le remboursement d’une grande partie de leurs avoirs en bons du Trésor portugais en 2010, ils ont été remplacés par des financements des institutions financières portugaises.

Depuis février 2011, les taux (yields) sur les bons portugais ont atteint le niveau fatidique de 7% (spread avec les bons allemands +4%). Ce niveau est d’autant plus insoutenable que le taux de croissance du Portugal est estimé à 1.3% (en termes réels) en 2010 et projeté à -0.8% en 2011 (source, The Economist, Feb. 24th 2011). La croissance du Portugal a été la plus faible de celle des pays de la zone euro (à l’exception de l’Italie) de 2000 à 2010.

Certes, le Trésor du Portugal ne vend pas ses bons, ou peu, sur les marchés, il vend de la dette souveraine principalement à la BCE qui aurait dans son bilan pour 20 milliards d’euros à la fin 2010, ce qui est à comparer à des émissions publiques de €22 milliards en 2010 ; mais le crédit bon marché de la BCE n’est pas permanent.

Certes, le Portugal a déjà acquis un montant important pour refinancer sa dette à des taux relativement faibles (4%), mais il va avoir besoin de faire des emprunts considérables pour refinancer sa dette. A l’heure actuelle, les besoins de financement externes du Portugal sont les plus élevés des pays européens par rapport à son déficit courant (estimé à 10% du PIB en 2011).

Le pays a perdu la confiance des marchés, c’est pratiquement impossible à surmonter. Quand le Portugal va t-il faire appel au FESF ? Quand il considèrera que le taux du marché est insoutenable et qu’il ne pourra plus rembourser sa dette à ce taux. Ce taux insoutenable est estimé à 7%, le pays a emprunté à 10 ans à ce taux durant 90 jours, cela peut paraître faible, la Grèce a soutenu ce taux pendant 13 jours avant d’aller frapper à la porte du FESF, l’Irlande 15 jours (source : Mackintosh, FT March 2 2001, short view).

Une dette supérieure à 80% du PIB signifie moins de croissance à long terme (Rogoff), des taux qui peuvent monter très vite et un recours au FMI

Si maintenant on passe à un horizon plus long que ce qui va se passer au-delà du prochain mois, on constate que les pays qui sont fragilisés par le poids de leur dette publique sont : l’Italie, la France et… les US. L’idée que le problème ne se pose pas parce que les taux d’intérêt pour ces pays sont, à l’heure actuelle, faibles est une idée fausse, c’est oublier que les taux d’intérêt ne sont pas rigides, ils sont fonction du stock de la dette de ces pays, du degré de liquidité de cette dette et de la perception des marchés à être capables à rembourser leur dette.

Une dette supérieure à 80% du PIB signifie moins de croissance à long terme (Rogoff), des taux qui peuvent monter très vite et un recours au FMI, sinon la seule solution que nous connaissons consiste à avoir un surplus budgétaire (primaire). Comme d’habitude, on est en retard d’une guerre quand on parle, comme d’un exploit, d’atteindre l’objectif héroïque de déficit de 3% du PIB, ça c’était hier.

Quand des économistes nous disent que le problème de l’euro n’est pas sa dette publique mais les pertes des banques privées qui sont absorbées par l’État (cas de l’Irlande et de l’Espagne), ils passent sous silence les pays qui ont un problème propre de finances publiques et donc une dette publique insoutenable, ces pays s’appellent : la Grèce, dette publique/PIB fin 2010 130%; l’Italie, 118%; la Belgique, 100%; l’Irlande, 94%, (les pertes des banques sont devenues publiques);  la France, 84% (la France a une dette publique supérieure à celle du Portugal) et le Portugal, 83% (par charité nous ne parlons pas des US qui ont une dette publique insoutenable de 93% du PIB fin 2010).

Les Échos

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