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Trois surveillants de prison témoignent du climat de plus en plus violent qui règne dans les enceintes carcérales.

« Ce qui m’avait frappé quand je suis arrivé à la maison d’arrêt de Fresnes en 1996, c’était le silence ! Il y avait 4 800 détenus. Ils ne sont plus que 2 600, et maintenant c’est le vacarme. On s’invective comme dans les “quartiers”, on ne respecte ni l’uniforme ni les anciens. » Les mettre au pas ? Les sanctionner ?

Ils n’ont plus peur du mitard ! Avant, si un surveillant était malmené ils y allaient illico pour quarante-cinq jours, sans télé, avec une seule heure de promenade. Aujourd’hui, on ne peut pas dépasser trente jours, ils ont un lit convenable et la radio. Résultat : ils nous toisent et y foncent d’eux-mêmes ! »

« On ne riposte plus à un “enculé” balancé par un détenu qui ne veut pas se lever. On n’entend plus. Il y a dix ans, ils étaient debout dans leur cellule et nous saluaient poliment. »

« Avant, il y avait peu de jeunes surveillants. Les aînés nous enseignaient les gestes, les conduites à tenir. Aujourd’hui, avec la surpopulation et l’afflux des tâches on ne peut, faute de temps, s’occuper des jeunes. Ce sont les stagiaires qui forment les stagiaires, eux-mêmes trop vite formés à l’école. »

A partir du moment où les préservatifs sont distribués, il faut arrêter de se voiler la face : le sexe existe en prison. Ce qui pose un problème : est-ce qu’en les distribuant, on ne favorise pas le viol ? »

La drogue ? « On la sent dans la cellule, on le sait au faciès du détenu, on fait un rapport au supérieur. Dire que ça sert à quelque chose… »

« Cela fait partie de notre boulot de veiller à ce que la prison reste un lieu laïque, hors de tout endoctrinement. Si l’un se met à prier très fort, on en rend compte. Dans la mesure du possible, on essaie de ne pas mettre un islamiste avec un athée, un fumeur avec un non-fumeur. Mais avec le problème de la surpopulation… »

Paris Match

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