Fdesouche

C’est une véritable surprise, une « bombe sanitaire » disent certains : les pharmacies sont dans le rouge. Fini les années de vaches grasses, les politiques d’économies sur les dépenses de santé menées depuis 2005 sont en train de faire tomber les rideaux de fer comme jamais. La situation est telle que le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a demandé le 9 février dernier une enquête à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales).

Ce rapport doit être rendu au plus tard le 30 avril prochain. Marges en baisse, charges en hausse… l’équilibre est devenu intenable : le nombre de dépôts de bilan a été multiplié par trois entre 2006 et 2010. La très sérieuse Coface, société spécialisée dans l’assurance crédit et l’information aux entreprises, estime que 24% des officines françaises ont « un fort risque » de faillite cette année.

Une « activité vitale » pour le territoire

L’an dernier, le Conseil de l’ordre des pharmaciens a enregistré 126 disparitions d’officines, alors que 101 avaient déjà mis la clé sous la porte en 2009. En deux ans, c’est une pharmacie sur cent qui a disparu en France. Bien sûr, toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Particulièrement touchés, Paris et sa petite couronne, la Seine-Maritime, le Finistère et la Haute-Garonne. Il n’empêche ! Aujourd’hui, les pharmaciens demandent un plan d’urgence.

La pratique des quotas, qui limite le nombre de pharmacies par habitant, ne remplit plus son rôle de régulation. De même les génériques, dont les marges ont baissé, et la parapharmacie soumise à une concurrence exacerbée, ne compensent plus les effets de la politique de maîtrise des dépenses imposée par la lutte contre le déficit de la Sécurité sociale. Les dégâts sont pour le moins concrets : l’an dernier, il y a eu 167 dépôts de bilan qui ont touché 550 salariés, et laissé derrière eux vingt-deux millions d’euros d’impayés.

Les créations ne sont pas plus à la fête. Le secteur de la pharmacie de détail serait même le seul en France à voir le nombre d’ouvertures reculer ces dernières années : – 6,5% en 2010. Et ce n’est pas l’engouement des étudiants qui va modifier la donne (lire ci-dessous). Encore moins la menace d’une ouverture du secteur à la concurrence voulue par de grands distributeurs comme Leclerc. Anémiés par cinq années de réduction de leurs marges, les représentants des pharmaciens réclament donc une « décision politique » pour sauver une « activité vitale » pour le territoire.

Le Parisien

(Merci à Pierre)

Fdesouche sur les réseaux sociaux