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(Fortune a commencé la diffusion de quelques parties du livre de Fernando Ferfal Aguirre : “Surviving the Economic Collapse”, littéralement : “Survivre à l’effondrement économique”. Cette traduction a été réalisée par des membres du célèbre forum français Odulvaï, dédié au survivalisme, à l’autarcie et à l’anticipation des risques. A priori, Odulvaï devrait publier l’intégralité du récit. Cette partie est une adaptation libre de Pibe26.)

Sur un blog anglo-saxon, une figure du survivalisme, devenue emblématique, a narré sa (sur)vie quotidienne à Buenos Aires, en Argentine, durant la crise financière de décembre 2001. A cette époque, la population a sombré dans la pauvreté, la débrouille et la violence. Cette personne est connue sous le pseudonyme de FerFAL.

Vous êtes le plus intelligent des fils de pute du secteur : vous avez acheté de l’or, de l’argent ou toute autre forme de devise qui ne se déprécie pas, pour ne pas mettre « tous vos œufs dans le même panier ». Donc, un jour vous vous réveillez, les gens sont devenus fous pour n’importe quelle raison et essaient de clôturer gentiment leur compte en banque.

Dans les heures qui suivent, ils ne sont plus gentils du tout. «Donnez-moi mon putain de fric ! » ou autres… Bien sûr, il n’y a pas assez de liquidités pour répondre à une telle demande. Les banques ferment, les guichets automatiques sont vides, plus personne n’accepte les cartes ou les chèques. C’est le moment de se faire tout petit, de rester à la maison en regardant les infos, et de revoir votre film préféré avec Mme en mangeant des popcorns.

Attention ! Si c’est encore « Nuits Blanches à Seattle », avec Tom HANKS et Meg RYAN, gardez vos armes sous clés et à bonne distance des munitions… Vous pourriez essayez de vous faire sauter la cervelle après seulement 5 minutes de film… « Just Married » peut également endommager votre cerveau. Vous êtes prévenus.

Un jour ou l’autre, les banques rouvriront, mais avec des nouvelles règles du jeu que vous pourriez ne pas aimer. Par exemple, sans vous restituez l’argent que vous avez si durement gagné ! Oui, certaines personnes ne peuvent pas imaginer ça, et deviennent très énervées. La bonne nouvelle c’est que les banques vont immédiatement cesser de faire de la pub à la télé. Vous savez, la Banque X sera là pour vous, vous aidera à faire croître votre entreprise… Il a fallu près d’un an pour que les banques lancent de nouveau des campagnes publicitaires, et jusqu’à l’année dernière on pouvait encore voir certains clients des banques du centre-ville frapper leurs façades avec des marteaux.

Ok, revenons au sujet.

Vous découvrirez bientôt qu’il est très difficile de s’en sortir avec une limite de retrait en espèce de 50 ou 100 dollars, et il peut se passer des jours voir des semaines avant qu’un tel retrait soit autorisé. Mais vous avez vos économies, non ? Ce qui s’est passé ici c’est que rapidement des courtiers de la rue, des «money dealers » ont commencé à apparaître sur les boulevards et dans les gros centres-villes. Il vous suffit de marcher, vous tombez sur un mec qui ne fait rien, mais qui chuchote « change, change ». C’est votre homme.

Ce n’est pas vraiment sûr de faire une transaction directement dans la rue. Ca a fonctionné comme ça pendant des années, mais maintenant ces « courtiers » ont une vitrine. Le gars avec qui j’étais en affaire la plupart du temps avait une épicerie. Vous entriez et ne voyiez que des stylos, des bonbons, des fournitures de bureau, des montres et quelques couteaux de poche… Mais le vrai boulot du gars c’était l’achat et la vente de pesos, dollars et euros. Je n’ai pas acheté d’autres monnaies, mais je suis sûr qu’il avait de l’argent brésilien, et il y avait d’autres gars qui traitaient les métaux précieux. Des milliers et des milliers de dollars passaient entre ses mains…. Les antiquaires, ou les boutiques de prêt sur gage pouvaient se spécialiser dans les métaux précieux, les diamants ou les bijoux de valeurs. Mais le courtier moyen travaillait avec les billets, l’or et d’autres métaux précieux dans certaines occasions.

Pourquoi ne pas aller à la banque ou chez un agent de change officiel ? Parce que pendant de nombreux mois, voire des années, les opérations de change étaient limitées (à 100 USD, si je me souviens bien). En plus, vous étiez obligés de donner toutes vos informations personnelles et le taux de change restait meilleur au marché noir de toute façon. C’est pourquoi la plupart des gens ont continué à préférer le marché noir.

Vous n’achèterez pas ce dont vous avez besoin avec de l’or ou des billets de 100 €. Vous trouverez beaucoup de gens qui les accepteront, mais vous n’obtiendrez pas un taux de change équitable. C’est pourquoi vous préférerez normalement passer par un « money dealer ». Voici quelques conseils sur la façon dont j’ai habituellement géré les choses. N’oubliez pas que je suis juste un gars ordinaire. J’ai l’habitude de pratiquer comme cela depuis un bout de temps mais pour autant ne vous attendez pas à ce que je vous dévoile le secret du « doigt de la mort » des ninjas ou les mots de passe de 007. Il s’agit d’expérience et de bon sens, c’est à prendre ou à laisser. Faites vos propres conclusions et si vous avez de meilleurs conseils, partagez-les. Ca a bien fonctionné pour moi jusqu’à présent.

1) Déplacez des petites quantités de devises.

Vous pouvez obtenir un taux de change plus favorable si la transaction porte sur un gros montant (c’est parfois une tentation) mais vous prenez aussi beaucoup plus de risques. Je préfère perdre 4 ou 5 dollars sur un change maximum de 100 ou 200 EUR ou USD. Le même principe est valable pour l’or ou les métaux précieux. Ne soyez pas stupide et ne vous montrez pas avec les poches pleines de pièces d’or ou de bijoux. Tout le monde peut vous remarquer, et même le money dealer pourrait être tenté de vous enlever s’il pense que vous êtes plein de fric.

2) Essayez différents money dealers.

Au moins au début, essayez des dealers différents jusqu’à ce que vous trouviez celui qui vous convient le mieux, puis ensuite augmenter les transactions avec lui en vérifiant toujours que vous obtenez un taux d’échange équitable. Si vous avez un ami ou un parent qui peut vous conseiller un dealer honnête, c’est encore mieux. Au bout de quelques mois, quand vous sentez que vous pouvez lui faire confiance, traité majoritairement avec lui. Ce n’est pas exactement une promenade dans le parc, la plupart de ces gars sont limite hors la loi, il faut donc s’attendre à rencontrer des gens pour le moins désagréables. Il ne faut pas entrer dans des bâtiments situés trop loin des lieux publics, ou dans des endroits invisibles depuis le trottoir. Il faut toujours essayer de rester au plus près possible du public et des sorties.
J’ai traité avec plus d’une douzaine de gars comme ça, ce ne sont pas tous des saints. J’ai eu quelques rencontres à risque, ne faites pas ce genre de trafic lors d’une ballade en famille avec femmes et enfants.

Devrions-nous appeler en renfort un copain baraqué ? Ça serait une bonne idée.

3) Dépensez très rapidement la devise dont le cours s’est effondré !

Le truc c’est de ne pas avoir une monnaie dépréciée avec vous très longtemps. Ça devrait vous brûler les mains. Utilisez-la toute de suite après l’avoir échangée. Exemple : Si le dollar américain chute et que vous décidez de vendre des métaux précieux pour acheter un mois de fournitures, il faut le faire rapidement : vendre les métaux précieux ou les euros ou toute autre monnaie solide que vous possédez et dépensez les dollars américains le jour même, au pire le lendemain. Il faut agir de la sorte car le billet américain est comme un château de sable, il peut s’effondrer dans les heures à venir.

Vous avez vendu votre Euros au cours suivant : 1 EUR pour 3 USD, et le lendemain matin Oprah déclare qu’elle a rêvé d’un taux de change de 1 EUR pour 6 USD et tout d’un coup, les gens perdent encore un peu plus confiance dans la monnaie et le taux de change tombe à 1 Euro pour 4 USD. Toute chose, stupide ou non, peut faire sombrer une devise un peu plus profondément. Ne prenez pas le risque de garder de gros montants en devise dépréciée, pas plus que les 100 projets de loi à appliquer en cas d’urgence, tout cela pourrit plus vite que les bananes.

4) Gardez votre grande geule fermée !

Ne parler à personne de votre épargne. Si vous vivez mieux que la moyenne, il y a des gens autour qui ne peuvent rien mettre à manger sur la table. Et on ne parle pas d’un maigre gamin d’Afrique, c’est votre voisin ou le gars qui travaille à vos côtés. Aux grands maux les grands remèdes, et certaines personnes seraient prêtes à faire n’importe quoi. Nous entendons souvent parler de gens qui se font torturer pendant des cambriolages juste pour s’assurer qu’ils ne possèdent plus aucun butin qu’ils pourraient avoir caché.

5) Soyez prudent et rester vigilant en faisant des affaires.

Laissez la voiture dans des emplacements de parkings différents, prenez toujours des chemins différents en revenant à votre voiture et en rentrant à la maison. Si possible, traverser à pied des centres commerciaux dans lesquels vous pouvez perdre d’éventuels poursuivants, ou conduisez dans des endroits variés. Faires tout ce que vous pouvez faire pour brouiller un itinéraire fixe ou programmé qu’une personne pourrait remarquer. Ne portez pas de vêtements qui attirent l’attention ou vous mettent en valeur, plus que jamais resté dans la masse, appliquez la méthode du « gray man ». J’essaie de ne pas avoir de sacs ou tout autre objet dans les mains quand je vais changer de l’argent, de manière à avoir les deux mains disponibles si jamais on tente de m’agresser ou de me kidnapper. Juste une vieille paire de Nike, jeans usés, T-shirt, mes clés de voiture, un couteau de poche et l’argent. Lorsque vous n’avez pas le choix et que vous devez changer une forte somme, vous pouvez porter un gilet par balle discret et une arme dissimulée.

6) Soyez rapide.

Utilisez une calculatrice pour vous assurer que vous êtes payé correctement. Entrez, dites bonjour, faites la transaction rapidement, serrez la main du gars, et pour en finir, essayez de ne pas rester là trop longtemps. Plus vous restez, plus vous augmentez les chances que quelqu’un s’en prenne à vous.

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