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Les PME qui se sont lancées dans un LBO en 2007-2008 vont être confrontées à un mur de la dette, explique David Lacombe, collaborateur du cabinet d’administrateurs judiciaires AJAssociés et enseignant à l’Université Versailles Saint Quentin.

Le cabinet Altares a récemment annoncé une baisse de 4,9% des défaillances d’entreprises en 2010, comment analysez-vous ce chiffre?
Ce repli était évidemment attendu après deux années noires en 2008 et 2009. Nous avons vu dès l’été 2010 une baisse significative des procédures de redressement judiciaire et de liquidation. Avec une amélioration très sensible de la situation des grandes entreprises. En 2009, 11 sociétés de plus de 100 millions d’euros de chiffres d’affaires ont été placées en liquidation, contre 3 seulement l’an passé. Avec 58 700 faillites l’an passé, on retombe donc au niveau de 2007. Sur le papier, c’est évidemment une bonne nouvelle mais les facteurs de fragilité sont très nombreux.
Le succès du phénomène d’auto-entrepreneur laisse-t-il craindre une poussée des faillites d’ici deux ou trois ans?

C’est le premier facteur d’inquiétude. Effectivement l’an passé, on a dénombré près de 600.000 créations d’entreprises, une hausse de plus de 7% en un an. Ce boom tient en grande partie au succès grandissant de l’auto-entrepreneur. Reste que notre expérience nous enseigne que le “taux de mortalité” des entreprises durant leurs trois premières années d’existence est très fort. On s’attend donc mécaniquement à une poussée des faillites de très petites structures en 2011, 2012 et 2013. Aujourd’hui 44% des procédures concerne des entreprises qui n’ont aucun salariés.


Vous mentionnez également la fragilité des grosses PME qui s’étaient lancées dans des procédures de LBO dans les années 2006-2007?
C’est mon deuxième sujet de crainte. Les entreprises qui se sont lancées dans un LBO dans les années 2006-2007 vont devoir rembourser leur dette dans les trois qui viennent. Elles vont être confrontées à ce que j’appelle le “mur de la dette”. Or les business model sur lesquels reposaient ces montages financiers n’avaient pas intégré la crise économique et la croissance a sans doute été moins dynamique que prévu. D’où l’incapacité de certaines entreprises à faire face à leurs échéances. Ce phénomène commencera à se faire sentir dès cette année.
Dernier facteur qui pourrait pousser les faillites à la hausse, la fin des procédures de reports d’échéances fiscales ou sociales…

C’est effectivement le dernier facteur qui pourrait pousser les faillites à la hausse. Pendant la crise, les autorités fiscales ont accordé à des entreprises qui souffraient de graves crises de liquidité des reports d’échéances d’une durée comprise entre 24 et 36 mois. J’ai peur que ces moratoires – qui étaient nécessaires – n’aient que repoussé dans le temps des problèmes structurels de trésorerie de certaines entreprises.

L’Expansion

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