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Tribune libre de Roark de La Desouchière

Chaque jour qui passe nous constatons plus cruellement combien les initiatives non conformistes sont paralysées par le manque de moyens financiers. Ce ne sont pas les idées qui manquent mais bien souvent le premier sou pour les réaliser.

Nous le constatons sur ce blog dont le développement et la professionnalisation sont entravés par la disette financière. A juste titre, François ne manque pas une occasion de nous le rappeler. Je le vois moi-même à travers l’association que je co-gère avec d’autres. Nous avons plus de 30 projets dans les cartons pour l’année 2011 mais nous savons déjà que certains verront difficilement le jour sans un surcroît de ressources budgétaires. Le sentiment d’impuissance qui en découle est paralysant, parfois démotivant.

Face à nous, le système est puissant et bénéficie d’une manne tirée sans vergogne du puits sans fond des finances publiques et de l’activité économique. Les associations qui le soutiennent sont financées par l’impôt (que nous payons aussi), quand ce n’est pas par l’étranger, tout comme d’ailleurs les structures mises en place par les nouveaux arrivants extra-européens. Bientôt, si nous n’y prenons garde, nous payerons tous la taxe islamique en faisant nos courses. Ajoutons à cela une bonne dose d’organisation et d’entraide et nous comprenons pourquoi nos adversaires sont si puissants.

De notre côté, pour faire face à ce déferlement, nous ne pouvons compter que sur la générosité d’un anémique peloton de donateurs. Tous, nous sommes quotidiennement assaillis de demandes de dons. Un jour c’est tel blog qui nous réclame des subsides pour survivre, telle association des fonds pour une salle à équiper, un journal appelle à la solidarité pour payer ses frais de justice. Même ceux qui militent politiquement doivent payer leurs proches affiches. La générosité s’épuise peu à peu et tout dynamisme avec lui.

Si l’on fait le bilan, à travers ses comportements de consommateur et d’épargnant chacun de nous contribue 1000 fois plus au financement d’un système honni qu’à la nécessaire résistance. Nous ne sommes qu’en partie responsables, c’est entendu, corsetés que nous sommes par un système économique, et surtout fiscal, spoliateur, mais ne serait-il pas temps d’en prendre conscience et de commencer à remédier à ce qui s’apparente à de la schizophrénie ?

Les moyens existent, seule la volonté manque. Tous les outils sont à notre disposition, il suffit de s’en emparer. Les mouvements situés à gauche de l’échiquier politique se sont depuis longtemps dotés de structures financières et associatives qui démultiplient les moyens que l’état et les collectivités leurs octroient généreusement pour qu’ils jouent leur rôle de trublions officiels et autorisés. L’épargne dite « éthique » et le commerce équitable sont autant de leviers qui, n’en doutons pas, alimentent les caisses du système et de ses plus fidèles serviteurs. La bonne nouvelle, c’est que nous n’avons rien à inventer, juste à réutiliser des outils qui ne pourront pas nous être confisqués car ils sont grandement utiles à d’autres que nous.

Chaque mois, les ressources après impôts et charges de chacun trouvent trois emplois différents. La plus grande partie est consommée, majoritairement auprès d’entreprises actrices et complices du système. Une part bien moindre est épargnée, dans des établissements bancaires tenus par nos adversaires. Le solde résiduel, quand il existe, revient parfois à notre combat, par le biais des petits dons que nous pouvons faire les uns et les autres. En clair, quand nous dépensons 100 pour financer notre perte, nous donnons 1 pour assurer notre survie. Comment pouvons-nous commencer à inverser la tendance ?

Réorienter nos comportements de consommateurs

Le plus simple et le plus immédiatement rentable est de commencer par revoir nos habitudes de consommation. Pour nos achats nous devons privilégier les entreprises et les commerçants identifiés comme amis et qui acceptent de jouer le jeu d’un autre type de commerce « équitable ».

Imaginons 100.000 personnes qui s’efforceraient de réorienter ainsi seulement 30 euros de leurs dépenses mensuelles. Le montant global s’élèverait à 3 millions d’euros, 36 millions par an. On voit tout de suite l’intérêt que nous y trouverions. Les chefs d’entreprises concernés seraient immédiatement capables de financer à titre personnel ou sur les fonds de leur entreprise des activités associatives ou économiques qui viendraient alimenter le cercle vertueux mis en place. Tout cela sans la moindre dépense supplémentaire de notre part, juste en effectuant les bons choix au quotidien.

Réorienter nos comportements d’épargnants

Quand nous épargnons, nous utilisons pour la plupart d’entre nous les outils bancaires classiques, livrets divers, assurance-vie ou produits de placement collectif (OPCVM). Savons-nous seulement que les sommes collectés par le biais du livret A, produit d’épargne le plus largement répandu, financent le logement social sans distinction ? Savons-nous que la plus grande part des fonds rassemblés sur les contrats d’assurance-vie, SICAV et autre FCP est investie dans la dette de l’état, dette qui ne sera sans doute jamais remboursée ? Chaque année, nous investissons des sommes considérables qui sont affectées par nos adversaires à la survie d’un système mortifère pour nous-mêmes. Y-a-t’il comportement moins responsable ?

Là encore, les outils existent qui nous permettraient de peu à peu nous émanciper et construire les fondations d’une alternative solide. Il suffit de les faire nôtres. Sans aller jusqu’à créer une banque de toutes pièces, l’investissement locatif par le biais d’une SCI pour loger des proches, la constitution d’un Fonds de Placement de Proximité (FIP), la création d’une mutuelle de décès ou d’un organisme de microcrédit sont à notre portée, pour peu qu’on s’en donne les moyens. Ce sont autant d’instruments qui faciliteraient la création d’activité par et pour les nôtres. Ils existent, ils sont utilisés par d’autres que nous à leur seul profit. Sommes-nous réellement moins capables de les mettre en place et de les faire vivre ?

Un cas concret, la vente de bière

Quelques initiatives concrètes se mettent en place en matière de consommation responsable. Paniers fermiers, calendriers, tee-shirt, huile d’olive et plus récemment encore, bière enracinée. Je veux vous montrer à travers cet exemple que je connais bien tout l’intérêt qu’il y a à progresser dans cette voie.

Le but en proposant ce type de produit est que le maximum d’intervenants en profite. Ainsi, en dépensant la même somme qu’auparavant, les consommateurs facilitent le développement d’organisations amies. Il est encore difficile de maîtriser toute la chaîne, du producteur au consommateur final. Des intervenants traditionnels demeurent incontournables, transporteurs, assureurs, banquiers, fisc… L’objectif est de peu à peu les remplacer par de nouveaux acteurs à mettre en place. Néanmoins, dès le début, le bénéfice est réel pour peu que chacun soit bien conscient des enjeux.

Les sommes réaffectés de la sorte peuvent en effet venir alimenter les finances de nombreux partenaires si d’intelligentes synergies sont mises en place. Les fournisseurs, sélectionnés en fonction de critères éthiques stricts, trouvent ainsi des débouchés et contribuent à leur tour par leur comportement d’agent économique au développement du réseau.

La publicité est confiée à des supports amis, journaux, blogs et sites. Par le biais du programme d’affiliation mis en place, 10 % des sommes collectées sont reversées aux responsables des médias concernés, facilitant leur développement et l’accroissement de leurs ressources sans se contenter de recourir aux dons.

Les colis peuvent être accompagnés de documents pour assurer la promotion d’initiative responsables. Par exemple, pour le cas précis de la bière ou du tee-shirt FDS, des calendriers de l’association « Des racines et des elfes » ont été joints aux envois, contribuant à faire connaître l’action de cette association. Demain on peut imaginer que ce soit une association caritative type « Solidarité des Français » qui soit ainsi mise en avant, puis une autre et encore une autre…

La mise en place des commandes groupées et les réductions ou produits gratuits qui vont avec permettent d’augmenter les ressources d’organisations amies tout en créant du lien social communautaire.

Les bénéfices réalisés peuvent être en partie affectés à la politique de mécénat ou de sponsoring de l’entreprise, soigneusement orientée en faveur d’initiatives choisies. En toute légalité, ce sont des sommes importantes qui échappent à l’impôt, donc au système, et contribuent peu à peu à en saper les fondements.

Au final, une partie du profit engrangé par l’entrepreneur vient abonder le budget des autres acteurs du réseau : dons aux associations avec là encore déduction fiscale, consommation, investissement et épargne.

Il ne reste qu’à agir

A la lecture de cette longue tribune libre, j’espère vous avoir fait comprendre combien il serait profitable pour de nombreux acteurs de développer ce genre d’initiative. Nous pouvons continuer longtemps à nous plaindre du sort qui nous est réservé par le système en place mais si nous n’agissons pas au quotidien pour faire évoluer nos propres comportements, sommes-nous encore fondés à nous présenter comme des victimes ?

Aujourd’hui un frémissement se fait sentir. C’est à nous de l’accompagner et de faire preuve de volontarisme. Les expériences menées doivent être couronnées de succès car sans cela, ce sont les éléments les plus dynamiques qui baisseront les bras. Tout le contraire de ce dont nous avons besoin face à l’adversité.

Je me tiens à votre disposition pour discuter de ce sujet, à travers les commentaires ou par courrier électronique. Je suis également prêt à organiser une table ronde sur ce point afin d’avancer avec les personnes compétentes et motivées et d’étudier les modalités pratiques des initiatives concrètes qui pourraient être rapidement mises en place dans ce domaine.

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