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L’implosion de l’économie irlandaise propage une onde de choc qui menace d’emporter l’euro. Les démineurs européens sont à l’oeuvre pour tenter de circonscrire le cataclysme et éviter qu’il n’ébranle le Portugal et l’Espagne, puis tout le système. Et, surprise, le voile se déchire, les brumes se dissipent, et l’on découvre brusquement les fragilités du “miracle” irlandais. Le Tigre celtique tangue, après des années de boom. La fin d’un exemple a sonné.

Ceux qui, naguère encore, déversaient des tombereaux d’éloges et tressaient des dithyrambes enflammés à propos du “petit dragon celtique” s’aperçoivent, bien tardivement, que tout était fondé sur une tourbe instable.

Le prix du mètre carré à Grafton Street, les “Champs-Élysées” de Dublin, avait presque atteint celui de la Ve Avenue à New York, mais cela n’étonnait presque personne. La réussite de l’Irlande était essentiellement le fruit du dumping fiscal, d’une consommation effrénée et d’une bulle immobilière gonflée démesurément par un endettement irrationnel.

Illustres prédécesseurs

Ceux qui vantaient le modèle irlandais sont aujourd’hui bien silencieux. Il est vrai qu’ils ont eu, au fil du temps, d’illustres prédécesseurs. Passons sur les admirateurs du modèle soviétique ou du modèle chinois. Les premiers relèvent de l’archéologie, puisqu’ils ont disparu avec l’URSS. Les seconds se retrouvent généralement compagnons de route du CAC 40.

Il y a eu aussi le modèle albanais, assez folklorique, et le modèle yougoslave, qui a compté Michel Rocard parmi ses fans, à l’époque lointaine où il militait au PSU. Le modèle suédois a aussi eu nombre d’adeptes. Il faudrait dire “le modèle suédois ancienne manière,” car, depuis dix ans, Stockholm a sérieusement réduit le poids de l’État et procédé à une drastique cure d’amaigrissement de sa fonction publique.

Côté libéral, on regardait ces dernières années le Royaume-Uni de Tony Blair comme le nouveau phare qui devait guider les économies européennes. Que la prospérité britannique ait reposé essentiellement sur le dynamisme fragile de la place financière londonienne, que le pays soit largement désindustrialisé et les services publics en lambeaux ne gênaient pas les zélotes du modèle britannique.

Fenêtre sur l’Allemagne

La chasse aux modèles n’est pas terminée. On flaire du côté de la Finlande (5 millions d’habitants), dont 5 % du PNB dépend du géant de la téléphonie Nokia, qui a d’ailleurs quelques soucis. Ou vers les pays Baltes (7 millions d’habitants à eux trois). On louche ponctuellement vers le Canada.

En fait, le seul modèle qui devrait raisonnablement nous inspirer était jusqu’à présent négligé : celui de notre voisin allemand. L’Allemagne, par sa dimension, la structure de son économie, son système social, son histoire et sa culture, n’est guère éloignée de nous, malgré son organisation décentralisée, son réseau de grosses PME, sa tradition de dialogue. Le modèle n’est pas flamboyant, mais il est efficace.

Le Point

(Merci à Erwinn)

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