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Pourquoi l’Afrique reste-t-elle la lanterne rouge du monde ? Peut-elle s’en sortir ? Parmi les ouvrages publiés à l’occasion du cinquantenaire des indépendances, celui de l’écrivain malien Moussa Konaté livre la profession de foi limpide, profonde et courageuse d’un Africain amoureux de son continent, loin des essais et romans exploitant la peur suscitée dans les pays riches par les catastrophes africaines.

(…) Il s’agit non seulement de déconstruire les clichés occidentaux, mais surtout de porter la plume dans la plaie, en pointant la part africaine des responsabilités. La force du constat, dénué de toute haine de soi, est fracassante : l’Afrique est malade d’une culture qui dévoie l’idée de solidarité pour en faire un terrible moyen d’asservissement et un puissant facteur d’inertie.

Derrière l’apparente convivialité, la soumission au groupe favorise le parasitisme, la corruption et la tyrannie, au détriment du travail. Le poids de la famille engendre une difficulté à s’isoler qui freine la lecture et l’étude, favorise la médiocrité intellectuelle. L’obligation de verser ses revenus, même maigres, dans le “tonneau sans fond de la solidarité” entrave l’épargne, l’initiative et donc le développement. Les frontières de caste perpétuent les privilèges.

Le réquisitoire est d’autant plus implacable qu’il n’assène pas des slogans destinés à réconforter des Occidentaux en proie à la culpabilité postcoloniale, mais procède d’analyses minutieuses. Si les Africains sont ainsi enfermés dans un mode de vie qui est “une prison pour l’esprit”, explique Moussa Konaté, c’est qu’ils se sont défendus de l’agression de la colonisation en se repliant sur des cultures traditionnelles magnifiées, tout en admirant le savoir des Blancs. D’où un complexe d’infériorité et une amertume persistante.

Le Monde

(Merci à Latine)

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