Fdesouche

Spécialiste de l’islam de France, Bernard Godard analyse l’apparition et les ambiguïtés du terme «islamophobie». Il estime que les constructions de mosquées ne constituent pas un risque d’«islamisation» mais plutôt un «rattrapage». Il s’inquiète néanmoins du refus du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) de se prononcer contre le voile intégral et de la tentation «d’agiter le chiffon rouge de l’islamophobie à tout instant». Extraits.

” Je pense qu’il serait bon, en effet, qu’on arrête par exemple la surenchère en matière de nourriture halal dans les cantines : les revendications doivent être raisonnables.”

N’observez-vous pas la montée d’un discours hostile à l’islam ?

L’islamophobie (la peur de l’islam) répond à la peur de l’islamisation de la France, autrement dit à la peur que l’islam ne soit plus seulement une religion parmi d’autres dans l’espace laïque mais une appartenance ethnique et identitaire indépassable, notamment dans certains «ghettos» en banlieue. Ce discours, qui était celui de l’extrême droite et des militants de la laïcité, d’une part les fait se rapprocher – ce sont les «apéros saucisson-pinard» récents – et d’autre part gagne des milieux jusque-là épargnés. (…)

Le phénomène est donc alimenté à la fois par des facteurs internes et externes ?

Oui, tout à fait. Les revendications identitaires émanant de la classe moyenne musulmane émergente – que ce soit le voile ou la nourriture halal – irrite dans un pays qui, traditionnellement, ne veut voir qu’une seule tête. Mais celles-ci se conjuguent avec un tout autre sujet : celui des banlieues, de leur violence parfois, et de la présence, minoritaire, d’un islam radical. (…)

La Croix

Fdesouche sur les réseaux sociaux